Une semaine après l’annonce surprise de Donald Trump demandant au Pentagone de « commencer à tester » les armes nucléaires américaines, Vladimir Poutine a répliqué en déclarant que la Russie se tenait prête à reprendre ses propres essais. Un signal inquiétant pour la stabilité stratégique mondiale.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mercredi 5 novembre qu’il envisageait de reprendre les essais nucléaires russes si les États-Unis passaient à l’acte. Cette déclaration intervient une semaine après les propos du président américain Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, qui a ordonné au Pentagone de « commencer à tester » les armes nucléaires américaines — une première depuis plus de trente ans.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, retransmise à la télévision d’État, Poutine a demandé aux instances compétentes de rassembler toutes les informations disponibles sur les projets américains et de formuler des propositions pour la reprise éventuelle de tests sur le sol russe.
« C’est une question sérieuse. Si les États-Unis ou d’autres États parties au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires procèdent à de tels essais, la Russie serait contrainte de prendre des mesures de rétorsion appropriées », a déclaré le président russe.
La Nouvelle-Zemble à nouveau citée comme site d’essais
Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a indiqué qu’il jugeait « approprié de commencer immédiatement les préparatifs » pour d’éventuels essais à grande échelle, citant l’archipel de la Nouvelle-Zemble, dans l’Arctique, comme site probable.
« Nous devons maintenir notre potentiel nucléaire afin de rester prêts à infliger des dommages inacceptables à l’ennemi en toutes circonstances », a-t-il ajouté.
Le dernier essai nucléaire russe remonte à 1990, peu avant la chute de l’URSS. Depuis, Moscou s’est limité à des tests non nucléaires, portant sur des vecteurs d’armes comme le missile Bourevestnik ou le drone sous-marin Poséidon, deux projets conçus pour contourner les systèmes antimissiles occidentaux.
Une réponse à la rhétorique américaine
Les propos de Donald Trump, qui a justifié sa décision par la nécessité de « faire des essais parce que d’autres font des essais », ont semé le trouble à Washington et au sein des chancelleries occidentales. Les États-Unis n’ont plus mené d’explosion nucléaire réelle depuis 1992, et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), signé mais jamais ratifié par Washington, interdit toute détonation à des fins militaires ou expérimentales.
Le chef du renseignement extérieur russe, Sergueï Narychkine, a déclaré que la diplomatie russe avait demandé des clarifications formelles à Washington concernant la portée exacte des propos du président américain.
« Nous voulons comprendre si ces déclarations relèvent de la communication politique ou d’une décision stratégique », a-t-il précisé.
Un retour à la logique de la dissuasion totale
Pour de nombreux analystes, cette séquence marque un retour à la confrontation nucléaire de la Guerre froide, dans un contexte de délitement des cadres multilatéraux de désarmement : retrait américain du traité INF (missiles de portée intermédiaire) en 2019, suspension russe du traité New START en 2023, et montée en puissance de la Chine sur le plan stratégique.
La Russie, comme les États-Unis, cherche désormais à montrer sa crédibilité dissuasive. Selon plusieurs experts, la perspective d’une reprise des essais — même à titre symbolique — pourrait relancer une nouvelle course à l’armement à l’échelle mondiale.
Sources :
- « Putin tells officials to submit plans for possibly resuming nuclear tests after Trump’s remarks » (Associated Press, 5 november 2025) —
- « Russia urges Trump administration to clarify ‘contradictory’ signals on nuclear testing » (Reuters, 7 november 2025) —
- « Donald Trump ordonne la reprise immédiate des essais d’armes nucléaires aux États-Unis » (Le Monde, 30 october 2025) —
- « “Mentalité de guerre froide” : Trump inquiète en annonçant reprendre les essais nucléaires » (Courrier International, 30 october 2025) —
- « Russie : Vladimir Poutine répliquera par des mesures similaires si les États-Unis reprennent les essais nucléaires » (RFI, 5 november 2025) —