Face à l’émotion suscitée par le drame survenu dans un collège de Haute-Marne, Emmanuel Macron a annoncé une mesure forte : l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans en France, si l’Europe ne légifère pas rapidement. Une décision que le président lie à une volonté de protection des jeunes face aux dangers numériques.
Ce mardi 10 juin, à Nogent (Haute-Marne), une surveillante a été mortellement poignardée par un collégien de 14 ans. Quelques heures après ce drame, Emmanuel Macron a pris la parole sur France 2, établissant un lien direct entre l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes et cette tragédie. « On doit interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans », a-t-il martelé, appelant à une action rapide à l’échelle européenne. À défaut d’un accord dans les prochains mois, la France légiférera seule.
Une urgence numérique au cœur du débat
L’annonce n’est pas nouvelle, mais elle prend une tournure plus pressante. Depuis juin 2024, Emmanuel Macron plaide pour une régulation plus stricte de l’usage des écrans chez les adolescents. L’une de ses propositions phares : interdire les téléphones aux moins de 11 ans, et les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Si cette ligne directrice s’est déjà traduite dans la loi sur la majorité numérique adoptée à l’été 2023 — qui prévoit une autorisation parentale pour les moins de 15 ans —, la mise en application reste bloquée. En cause : des doutes sur sa conformité au droit européen.
Vers une stratégie européenne… ou nationale
Pour Emmanuel Macron, la compétence est européenne, mais la France pourrait prendre les devants. Il souhaite « une mobilisation des partenaires européens » en faveur d’un accord contraignant obligeant les plateformes à vérifier l’âge des utilisateurs. Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique, a donné trois mois aux États membres pour s’entendre, faute de quoi Paris agira unilatéralement. « Les réseaux sociaux, avant 15 ans, c’est non », a-t-elle insisté dans La Tribune Dimanche.
Les risques dénoncés par les experts
La mesure est soutenue par des études pointant les effets délétères des réseaux sur la santé mentale des adolescents : troubles du sommeil, cyberharcèlement, addiction, perte de concentration… Une commission d’experts, nommée par l’Élysée, travaille depuis plusieurs mois sur l’usage des écrans chez les jeunes. Le lien entre surexposition aux contenus numériques et violences scolaires y est régulièrement évoqué.
Pour la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, ce drame est aussi un signal d’alerte. Elle a évoqué de nouvelles pistes pour « éviter de tels drames » : durcissement des procédures disciplinaires, lutte contre les addictions numériques, prévention renforcée à l’école. Un changement de paradigme éducatif semble en cours.
Sources : Libération, BFMTV.