À l’issue d’une conférence ministérielle à l’ONU, la France et quatorze États ont exhorté la communauté internationale à exprimer leur volonté de reconnaître un État palestinien. Une initiative portée conjointement par Paris et Riyad dans un contexte de guerre prolongée à Gaza et d’impasse politique persistante.
C’est depuis le siège des Nations unies à New York que la France, aux côtés de quatorze autres pays, a lancé un appel solennel : reconnaître un État de Palestine pour raviver la flamme vacillante de la solution à deux États. Lundi 28 et mardi 29 juillet, une conférence ministérielle à l’initiative conjointe de la France et de l’Arabie saoudite a rassemblé diplomates et ministres autour d’un objectif devenu presque chimérique : ouvrir la voie à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.
« À New York avec 14 autres pays, la France lance un appel collectif : nous exprimons notre volonté de reconnaître l’État de Palestine et invitons ceux qui ne l’ont pas encore fait à nous rejoindre », a écrit le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur le réseau X. Derrière cette déclaration, c’est un signal fort qu’entendent envoyer Paris, Ottawa, Canberra et les douze autres pays signataires aux capitales du monde encore hésitantes.
Parmi les pays ayant cosigné l’« appel de New York », figurent deux membres influents du G20 – le Canada et l’Australie – mais aussi des nations européennes et pacifiques : Andorre, Finlande, Islande, Irlande, Luxembourg, Malte, Nouvelle-Zélande, Norvège, Portugal, Saint-Marin, Slovénie et Espagne. Tous ne reconnaissent pas encore officiellement l’État de Palestine, mais neuf d’entre eux ont exprimé une « volonté » ou une « considération positive » en ce sens. Ce revirement potentiel marque une inflexion diplomatique notable, à rebours d’une prudence observée depuis plusieurs décennies.
Le Canada pourrait franchir le pas dès septembre prochain, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU. Son Premier ministre a affirmé que cette reconnaissance était « nécessaire pour préserver l’espoir d’une solution à deux États ». La France a fait une annonce similaire, tout comme le Royaume-Uni qui conditionne toutefois cette reconnaissance à certaines avancées du côté israélien. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a ainsi averti mardi que Londres franchirait ce cap si Israël ne prenait pas des mesures concrètes.
Cette dynamique diplomatique intervient dans un contexte de tensions ravivées dans les territoires palestiniens. La guerre à Gaza, les violences récurrentes et l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie compromettent chaque jour davantage les perspectives d’un règlement négocié. Lors de la conférence, des pays arabes comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou encore l’Égypte ont appelé le Hamas à remettre les armes et à transférer le contrôle de Gaza à l’Autorité palestinienne. Un signal en direction d’un retour à l’unité palestinienne, condition sine qua non d’un processus de paix crédible.
Cet appel collectif s’inscrit dans une volonté assumée de rompre avec l’immobilisme. Car reconnaître un État de Palestine, même symboliquement, c’est acter l’existence d’un peuple et d’un territoire dont la souveraineté est depuis trop longtemps suspendue aux vents contraires de la géopolitique. C’est aussi, pour les signataires, un moyen de réintroduire une légitimité multilatérale dans un conflit confisqué par les rapports de force. À deux mois de l’Assemblée générale de l’ONU, cet appel pourrait bien cristalliser une bascule diplomatique de grande ampleur.
Source : Le Dauphiné libéré avec AFP (30 juillet 2025), complété par les déclarations officielles des gouvernements concernés.