Après une décennie de croissance soutenue, le marché immobilier à Nantes marque le pas. Malgré une baisse récente des prix, l’engouement des acheteurs a nettement ralenti, révélant un changement de cycle dans une ville pourtant longtemps perçue comme l’un des marchés les plus dynamiques de France.
Jusqu’en 2020, Nantes figurait parmi les locomotives de l’immobilier français. Alimentée par un fort attrait démographique, une économie en croissance et des infrastructures modernisées, la ville attirait familles, investisseurs et entreprises. Résultat : une envolée des prix (+65 % entre 2010 et 2020) et une forte demande, notamment sur les petites surfaces et les maisons avec jardin. Mais depuis la remontée des taux d’intérêt et le durcissement des conditions d’octroi de crédit, l’équilibre s’est rompu. En 2023, le marché a reculé de près de 22 % en volume de transactions, et les premiers mois de 2024 confirment la tendance.
Un retournement influencé par les taux et le crédit
La chute de l’activité est en partie liée à l’augmentation rapide des taux d’intérêt, passés de moins de 1 % à près de 4 % en seulement deux ans. Ce coup d’arrêt du crédit immobilier a immédiatement impacté la primo-accession, pourtant moteur du marché nantais. Beaucoup de ménages se retrouvent aujourd’hui exclus du financement. « Le pouvoir d’achat immobilier a chuté de près de 20 % dans la métropole en dépit de la baisse des prix », confie un courtier local à nos confrères du Monde.
Les investisseurs locatifs, autrefois très présents, se font également plus rares. Entre encadrement des loyers annoncé, rendement amoindri et incertitudes réglementaires, l’attractivité de la pierre s’émousse. Résultat : même les biens situés dans des secteurs recherchés comme l’île de Nantes, Canclaux ou Saint-Félix peinent à trouver preneur.
Des prix qui fléchissent, mais pas partout
Selon les données des professionnels de l’immobilier, les prix ont commencé à s’ajuster mais restent relativement élevés. En un an, la baisse moyenne s’établit aux alentours de 5 % dans la métropole nantaise. Toutefois, cette correction n’est ni homogène ni suffisante pour relancer significativement le marché.
Les appartements anciens sont les plus touchés, notamment ceux nécessitant des travaux ou mal classés au DPE (diagnostic de performance énergétique). A contrario, les biens rénovés, bien situés et sans défaut majeur continuent à susciter l’intérêt, même s’ils se négocient plus qu’auparavant.
Construction en panne et offre sous pression
Autre facteur de tension : la chute de la construction neuve. Comme ailleurs en France, la promotion immobilière subit un net ralentissement à Nantes, conséquence de marges rognées, de délais administratifs allongés et d’un manque de foncier disponible. En 2023, le nombre de permis de construire délivrés a reculé de 40 % par rapport à 2021. À terme, ce déficit risque de peser sur l’offre et de provoquer une nouvelle tension à la reprise.
Dans le neuf comme dans l’ancien, on constate une forme d’attentisme général. Les vendeurs hésitent à baisser leurs prix dans un marché incertain, tandis que les acheteurs attendent de meilleures conditions d’emprunt ou des opportunités plus nettes. Un déséquilibre classique dans une phase de transition cyclique.
Le marché immobilier nantais n’est pas en crise, mais il s’installe dans une forme de ralentissement durable, typique d’un atterrissage après plusieurs années de surchauffe. L’évolution des taux d’intérêt, la politique du logement au niveau national et la capacité des collectivités locales à relancer la construction détermineront en grande partie la sortie de ce marasme. En attendant, Nantes offre de nouvelles marges de négociation, sans renier son potentiel à moyen terme.
Source : Le Monde.