Disquaire devenu impresario influent, Paul Lederman a lancé les carrières de Claude François, Michel Polnareff, Mike Brant, Coluche, Thierry Le Luron et des Inconnus. Figure aussi admirée que controversée, il s’est éteint le 21 juillet 2024 à Neuilly-sur-Seine.
Né le 2 mai 1940 à Tanger, alors zone internationale, Paul Lederman grandit dans une famille juive polonaise marquée par l’exil. Son père, Raphaël, est industriel ; sa mère, Rachel Languewitz, veille sur un foyer bientôt installé en France. Très tôt passionné de musique, il fait ses armes comme disquaire à Paris, se spécialisant dans les sonorités venues des États-Unis, entre jazz et rock. Ses clients, souvent des GI encore présents dans l’Hexagone, lui permettent de bâtir un réseau solide.
En passant des vinyles aux spectacles, Lederman devient l’un des producteurs les plus influents de la scène française. Dès les années 1960, il participe au décollage de Claude François, choisissant pour lui les titres « Belles, Belles, Belles » et « Si j’avais un marteau ». Avec son associé Claude Martinez, il fonde Martinez Lederman Productions et accompagne Hervé Vilard, Michel Polnareff, Mike Brant, Christophe, Michèle Torr, Thierry Le Luron, Renaud, le Grand Orchestre du Splendid… et Coluche, qu’il contribue à propulser au sommet de l’humour français. C’est d’ailleurs lui qui a organisé le mariage entre Le Luron et Coluche.
Son flair ne se limite pas à la chanson : en 1986, orphelin de Coluche, il prend sous son aile Les Inconnus, produisant leurs spectacles et leur premier film, Les Trois Frères. Mais la collaboration vire à la querelle judiciaire, Lederman revendiquant des droits sur d’autres œuvres du trio. Le conflit se solde par des déclarations au vitriol et un éloignement définitif. « Avec tout ce qu’il me prend, j’ai toujours cru qu’ils étaient deux », a par exemple déclaré l’un des Inconnus.
Autre feuilleton judiciaire, celui autour de l’héritage de Coluche. Entre 2008 et 2019, Lederman est engagé dans une longue bataille contre les fils de l’humoriste au sujet des droits d’auteur, conclue par une condamnation à leur verser plus d’un million d’euros.
S’il a été critiqué pour son tempérament rugueux et ses rapports tendus avec certains artistes, Paul Lederman s’était toutefois imposé comme un faiseur de carrières incontournable. Sa vie a même inspiré le cinéma : il est incarné par Benoît Magimel dans Cloclo (2012).
Le 21 juillet 2024, il s’éteint à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 84 ans. Il repose au cimetière parisien de Bagneux, laissant derrière lui une empreinte durable sur la culture populaire française.
