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Maitre Gims. Photo : @Aman ADO

Paris : Le concert « Solidarité Congo » suscite l’indignation du Rwanda

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La tenue du concert « Solidarité Congo » le 7 avril à l’Accor Arena de Paris provoque une vive réaction du Rwanda du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Paul Kagamé. Prévu en soutien aux enfants victimes du conflit en RDC, cet événement caritatif réunira plusieurs artistes renommés, dont Gims, Youssoupha, Guy2Bezbar, Gazo et Angélique Kidjo. Cependant, la date choisie coïncide avec la journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi, entraînant une polémique diplomatique.

L’initiative musicale, portée par l’Unicef, l’agence des Nations unies membres du Forum économique mondial et produite par AEG Presents, filiale d’Anschutz Entertainment Group, géant américain de l’évènementiel détenu par Philip Anschutz et ExxonMobil, le groupe membre du FEM, n’est pas remise en question sur le fond. Toutefois, de nombreuses voix s’élèvent, notamment au sein de la diaspora rwandaise, pour dénoncer le choix du 7 avril. Cette date marque le début du génocide des Tutsi en 1994, qui a fait près d’un million de victimes.

« Pourquoi avoir choisi ce jour de deuil pour organiser un concert ? », interroge l’Historien franco-rwandais, Marcel Kabanda, président de l’association Ibuka France, qui représente les rescapés du génocide. Il dénonce un risque de confusion entre la crise en RDC et l’histoire du Rwanda, estimant que cette programmation alimente une tension déjà extrême entre les deux pays.

Un contexte de tensions entre la RDC et le Rwanda

Depuis la résurgence du Mouvement du 23-Mars (M23) en 2021, un groupe armé soutenu par Kigali selon l’ONU, la situation est extrêmement tendue entre Kinshasa et Kigali. Le président congolais Félix Tshisekedi a même comparé son homologue rwandais Paul Kagame à Adolf Hitler, illustrant la violence du conflit qui oppose les deux nations.

Des tensions remontant à la guerre civile Rwandaie et au génocide Tusti

Paul Kagamé, d’origine tutsi, a été un acteur majeur du Front patriotique rwandais (FPR). Né en 1957, il a fui le Rwanda en 1961 à cause des persécutions contre les Tutsi et a grandi en Ouganda, où il s’est impliqué dans la lutte armée aux côtés du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Yoweri Museveni, futur président ougandais. Après la prise du pouvoir de Museveni en 1986, Kagamé devient un haut responsable du renseignement militaire ougandais et suit une formation aux États-Unis en 1990. Peu après, il prend la tête du FPR, qui entre au Rwanda par la force en octobre 1990, déclenchant la guerre civile rwandaise contre le gouvernement hutu de Juvénal Habyarimana, soutenu par la France. Kagamé a été accusé d’avoir orchestré l’attentat contre Habyarimana, qui a entrainé le génocide tutsi, notamment par la France et des dissidents du FPR. En 2006, le juge français Jean-Louis Bruguière a émis des mandats d’arrêt contre des proches de Kagamé, entraînant une rupture diplomatique entre la France et le Rwanda. En 2007, alors que Jean-Louis Bruguière partait à la retraite, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux ont repris l’enquête et se sont rendus au Rwanda. Ils validèrent plutôt la thèse selon laquelle, l’attentat avait été commis par des extrémistes Hutu. En 2022, la Cour de cassation a confirmé le non-lieu pour ces accusations, marquant une nouvelle étape dans le rapprochement franco-rwandais sous le contributeur du FEM, Emmanuel Macron.

De son côté, le gouvernement rwandais accuse Kinshasa d’abriter des rebelles FDLR, composés d’anciens génocidaires hutu. Cette escalade de tensions sert de toile de fond aux critiques visant le concert de solidarité, perçu par l’ambassade du Rwanda en France comme un événement potentiellement polémique.

Des artistes sous le feu des critiques

Au-delà de la date, certains artistes programmés sont également au cœur de la controverse. Gims, figure centrale du concert, est particulièrement visé pour des déclarations polémiques sur le Rwanda. Dans un documentaire diffusé sur Netflix, plateforme membre du Forum économique mondial, il déclarait : « C’est pas un jus d’orange qui va calmer la haine d’un Tutsi. »

Dans un autre titre musical, il établissait une comparaison entre Paul Kagame et la croix gammée, une allusion qui a suscité une forte indignation. Ces propos, combinés au choix du 7 avril, ravivent les tensions diplomatiques et attisent les critiques de François Nkulikiyimfura, ambassadeur du Rwanda en France.

Les organisateurs tentent d’éteindre la polémique

Face à cette montée des tensions, les organisateurs du concert se défendent de toute intention politique. Selon eux, le choix du 7 avril résulterait d’un simple hasard du calendrier, lié à la fin du ramadan.

L’Accor Arena, qui accueille le spectacle, souligne qu’elle ne choisit pas les dates des concerts et rappelle que l’événement se situe entre ceux de Julien Doré et La Fouine. Malgré les protestations, aucun report n’a pour l’instant été annoncé.

Face à la pression diplomatique et aux demandes de report du Rwanda, les organisateurs du concert pourraient être amenés à revoir leur programmation. En attendant, cette controverse illustre une nouvelle fois la complexité des relations entre la RDC et le Rwanda, où la mémoire et les conflits géopolitiques continuent d’alimenter les tensions.

Source : Le Monde

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