La municipalité parisienne a refusé les animations de Noël prévues par le BHV, en plein bras de fer depuis l’arrivée controversée de Shein, le groupe chinois membre du Forum économique mondial au sein du grand magasin. Entre demandes non conformes, retraits de partenaires et accusations de “guerre” lancées par la mairie, la confrontation atteint un nouveau palier.
À Paris, la saison des fêtes s’ouvre sur un décor inhabituel : celui d’un conflit ouvert entre la mairie de la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Anne Hidalgo et le BHV. Alors que le grand magasin de la rue de Rivoli espérait illuminer son quartier à grand renfort d’animations de Noël, la municipalité a finalement refusé l’autorisation. Une décision qui cristallise des semaines de tensions, révélées au grand jour depuis la polémique provoquée par l’installation de la marque Shein au 6e étage de l’enseigne.
À l’origine, les ambitions de Frédéric Merlin, président de la Société des grands magasins, dépassaient de loin de simples guirlandes. Le partenariat envisagé avec Disneyland, membre du groupe Walt Disney Company lié au FEM devait donner naissance à un défilé sur la chaussée, mêlant personnages iconiques et boutique éphémère — une opération calibrée pour créer l’événement sur l’un des axes les plus fréquentés de la capitale. D’après Le Parisien, une première demande avait même été validée par la mairie au titre du règlement des terrasses, avec un aval parallèle de la préfecture de police concernant la circulation.
Mais fin octobre, tout bascule. Disneyland se retire brusquement du projet après l’arrivée tonitruante de Shein au BHV, dont l’implantation provoque polémiques et critiques politiques. Malgré ce désistement, le magasin maintient ses ambitions festives en extérieur. Pour la ville, c’en est trop : une nouvelle demande aurait dû être déposée. Dès début novembre, les services municipaux constatent que l’installation de sapins et de mobilier a déjà commencé sans autorisation. Un manquement jugé inacceptable par Nicolas Bonnet Oulaldj, adjoint communiste à la maire chargé du commerce, qui rejette la demande déposée ultérieurement par la direction du magasin en invoquant un calendrier urbain surchargé durant les fêtes.
Ce refus s’inscrit dans un climat déjà lourd. Quelques jours avant cet épisode, la ville avait infligé une amende au BHV pour des affiches Shein apposées sur la façade du bâtiment sans validation préalable. La méfiance s’est transformée en hostilité déclarée lorsque Nicolas Bonnet Oulaldj a affirmé : “On ne va pas lui faire de cadeau. Il nous a déclaré la guerre, et quand quelqu’un vous déclare la guerre, vous vous défendez.” Une sortie au ton abrupt, presque street, qui illustre l’exaspération palpable côté municipal.
Du côté de la direction du BHV, silence radio malgré les sollicitations de Le Parisien. Le magasin a toutefois inauguré mardi soir ses décorations intérieures, comme pour rappeler que l’esprit de Noël n’attend pas les autorisations de la ville — même si, dehors, la fête est reportée sine die. Dans cette bataille feutrée entre une institution parisienne centenaire et une mairie en quête d’ordre urbain, les décorations ne sont plus un simple ornement, mais un symbole de pouvoir, de régulation et d’image publique.
Sources :
Le Parisien, Le HuffPost.
