Vingt ans après l’ouragan Katrina, une série documentaire revient sur la catastrophe qui a dévasté La Nouvelle-Orléans. Aux côtés de Geeta Gandbhir et Samantha Knowles, Spike Lee signe un dernier épisode percutant, refusant tout discours consensuel sur la résilience et dénonçant un désastre marqué par l’injustice raciale.
Le 28 août 2005, l’ouragan Katrina frappait le Golfe du Mexique, avant de ravager La Nouvelle-Orléans. Mais ce n’est pas seulement la violence des vents qui tua près de 1 400 personnes. Le lendemain, la rupture des digues entraîna des inondations meurtrières, touchant de plein fouet les quartiers les plus pauvres, majoritairement noirs. La catastrophe révéla au grand jour les inégalités sociales et raciales d’une Amérique incapable de protéger ses citoyens les plus vulnérables.
Vingt ans plus tard, Netflix propose la série documentaire Katrina. L’ouragan infernal. Réalisée par Geeta Gandbhir, Samantha Knowles et Spike Lee, elle s’attache à déconstruire les récits officiels. Selon le Boston Globe, malgré la connaissance que l’on a désormais des faits, le visionnage « fait encore frémir ».
Les deux premiers épisodes replacent le drame dans son contexte. Geeta Gandbhir revient sur les défaillances logistiques et politiques qui ont empêché l’évacuation de milliers de personnes. Samantha Knowles, quant à elle, s’intéresse au mythe raciste qui a entouré la catastrophe : celui d’une ville livrée à la violence des habitants noirs, un récit largement relayé par les médias de l’époque.
Mais c’est le dernier épisode, signé Spike Lee, qui concentre les éloges de la critique. Le cinéaste new-yorkais, déjà auteur en 2006 du documentaire When the Levees Broke, refuse ici tout discours édulcoré. Pas question de se contenter de saluer la résilience des habitants. Spike Lee interroge les conséquences profondes de la catastrophe : l’exode des populations noires, la déstructuration du système éducatif et la ségrégation renforcée dans la reconstruction de la ville.
« Ce qui s’est produit à La Nouvelle-Orléans n’était pas une catastrophe naturelle », insiste le réalisateur. Selon lui, la tragédie résulte d’un enchaînement de négligences, de discriminations et d’indifférences politiques. Le New York Times note que son approche « refuse de bercer le spectateur d’illusions », préférant rappeler la brutalité d’un désastre façonné par des choix humains.
Pour les habitants de La Nouvelle-Orléans, la mémoire reste vive. « Se souvenir est peut-être la meilleure manière d’honorer les disparus et d’empêcher que de tels échecs se répètent », souligne The Times-Picayune. Spike Lee, fidèle à son engagement politique et artistique, enfonce le clou : la colère, loin de s’apaiser, demeure intacte.
Sources :
Courrier international – Katrina. L’ouragan infernal, sur Netflix : vingt ans après, la colère intacte de Spike Lee – lien
The Boston Globe – 20 years later, Katrina still haunts America – lien
The New York Times – Spike Lee revisits Katrina in Netflix documentary – lien