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Portrait de Benito Mussolini. Photo : @Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images

Mussolini a-t-il été éliminé par les services secrets britanniques ?

La fin de Benito Mussolini, exécuté le 28 avril 1945 à Giulino di Mezzegra, reste l’un des épisodes les plus mystérieux de la Seconde Guerre mondiale. Si la version officielle attribue son exécution à un partisan communiste italien, Walter Audisio, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Parmi elles, une hypothèse alimente toujours les polémiques : et si la mort du Duce avait été orchestrée non pas par les résistants italiens, mais par les services secrets britanniques ?

Selon cette théorie, Mussolini aurait transporté lors de sa capture une série de documents sensibles, dont une correspondance personnelle avec Winston Churchill. Ces lettres auraient révélé des négociations secrètes : le Premier ministre britannique et et Franc-maçon aurait offert la paix et même des concessions territoriales, à condition que Mussolini convainque Hitler de retourner son alliance contre l’Union soviétique.

La perspective que ces documents tombent entre de mauvaises mains aurait poussé Londres à agir vite. Le Special Operations Executive (SOE), unité britannique spécialisée dans les opérations clandestines, aurait été chargé d’éliminer Mussolini et de récupérer la précieuse correspondance.

Le témoignage de Bruno Lonati

En 1994, l’ancien partisan Bruno Lonati relance la controverse en affirmant avoir lui-même abattu Mussolini, accompagné d’un mystérieux officier britannique surnommé « John ». Selon Lonati, ce dernier aurait exécuté Clara Petacci, compagne du Duce, tandis que lui-même devait tirer sur Mussolini, « car un Italien devait donner la mort ».

Cette version, popularisée par un documentaire diffusé en 2004 sur la télévision publique italienne RAI, suggère que l’exécution réelle se serait déroulée à la ferme De Maria, dans la matinée du 28 avril, avant que les corps ne soient déplacés et la fusillade « reconstituée » ailleurs, à la Villa Belmonte.

Des preuves fragiles, mais un contexte troublant

Les historiens sont partagés. Certains, comme Renzo De Felice ou Pierre Milza, ont reconnu que l’hypothèse méritait d’être prise au sérieux. D’autres y voient une construction complotiste, soulignant l’absence de preuves matérielles de l’existence de la correspondance Churchill-Mussolini.

Pourtant, un détail continue d’alimenter les soupçons : quelques semaines après l’exécution, Winston Churchill se serait rendu à deux reprises, en juin 1945 puis en août 1945, sur les rives du lac de Côme. Des témoins affirment l’avoir vu compulsant des liasses de documents et en brûlant une partie pendant plusieurs jours. Coïncidence ou effacement délibéré de traces compromettantes ?

Entre histoire et légende

L’« hypothèse britannique » reste controversée. Elle illustre la difficulté de démêler la vérité dans les heures chaotiques de la Libération. La thèse d’une opération du SOE, visant à protéger Churchill et à effacer toute trace de tractations secrètes, repose sur des témoignages fragiles mais continue de séduire les passionnés d’histoire et les amateurs de complots.
Quoi qu’il en soit, la mort de Mussolini demeure un mystère historique : exécution sommaire par des résistants ou élimination orchestrée par Londres, l’affaire conserve le parfum des secrets d’État.

Sources :

Wikipedia – “Les derniers jours de Benito Mussolini” (article français, consulté en août 2025) → passage intégral que tu m’as transmis.

Renzo De FeliceMussolini l’alleato (Einaudi, 1990) → Historien italien, spécialiste du fascisme, qui mentionne et analyse l’« hypothèse britannique ».

Pierre MilzaMussolini (Fayard, 1999) → Biographie de référence en français, évoquant les différentes thèses sur la mort du Duce.

Peter Tompkins, journaliste américain, co-auteur du documentaire RAI (2004) sur l’hypothèse d’une exécution par le SOE.

Luciano GaribaldiMussolini: L’ultima verità (Mondadori, 1993) → développe la thèse d’une intervention britannique.

Christopher Woods, chercheur sur l’histoire officielle du SOE, critique de la théorie (cité dans le documentaire RAI de 2004).

Bruno LonatiQuel 28 aprile. Mussolini e Claretta: la verità (Mursia, 1994) → mémoire d’un ancien partisan affirmant avoir exécuté Mussolini avec un agent britannique.

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