Après l’attaque à la voiture-bélier survenue jeudi à Munich, qui a blessé 30 personnes, la ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, a annoncé que l’Allemagne allait « tout faire » pour intensifier les expulsions de délinquants afghans vers l’Afghanistan, malgré la situation particulièrement instable dans ce pays. Cette déclaration survient alors qu’un demandeur d’asile afghan est suspecté d’avoir conduit cette attaque.
L’attaque, qui a visé un groupe de manifestants à Munich, a ravivé les tensions sur la politique d’immigration et de sécurité en Allemagne. Faeser a insisté sur la nécessité de « punir sévèrement » les criminels étrangers et d’expulser les délinquants, même vers des pays où la situation demeure difficile. « Ceux qui viennent dans notre pays et commettent des crimes doivent être sévèrement punis et ensuite expulsés, même dans des pays difficiles », a-t-elle déclaré lors de sa visite sur les lieux du drame.
Le gouvernement allemand se trouve face à une pression croissante, notamment après plusieurs incidents violents impliquant des demandeurs d’asile afghans ces derniers mois. La ministre a souligné la volonté de maintenir le cap sur les expulsions vers l’Afghanistan, soulignant que l’Allemagne avait déjà procédé à l’expulsion de 28 Afghans condamnés par la justice à la fin du mois d’août 2024, marquant ainsi une première en Europe depuis la prise de pouvoir des talibans.
Des Expulsions Complexes
Cependant, la situation sur le terrain complique ces expulsions. L’Allemagne ne reconnaît pas le gouvernement taliban, ce qui rend ces expulsions particulièrement sensibles et complexes. Berlin ne dispose d’aucune ambassade à Kaboul, et les autorités ont dû s’appuyer sur des pays tiers pour mener à bien les opérations. De plus, les récentes législations sur l’asile, qui permettent à certains demandeurs d’asile de rester en Allemagne tant qu’ils sont employés, compliquent également le processus d’expulsion, même lorsque leur demande d’asile a été rejetée, comme dans le cas de l’auteur présumé de l’attaque à Munich.
La Réaction de l’Opposition
L’attaque a déclenché des réactions fortes dans la sphère politique allemande. La CDU (Union chrétienne-démocrate) et le parti d’extrême droite AfD ont accusé le gouvernement des sociaux-démocrates et des écologistes de négliger la sécurité publique. Selon eux, le gouvernement a fait preuve de « laxisme » en matière de politique d’immigration, ouvrant la voie à une insécurité croissante. L’AfD, en particulier, a dénoncé l’inaction face à l’augmentation des violences commises par des étrangers.
Contexte de l’Attaque
L’attaque à Munich s’inscrit dans un contexte d’escalade des tensions liées à l’immigration en Allemagne, exacerbées par l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de zones de conflit. L’auteur présumé de l’attaque, qui avait vu sa demande d’asile rejetée, avait bénéficié d’une « tolérance » en raison de son emploi en Allemagne. Cette tolérance, inscrite dans les réformes récentes sur l’asile, est désormais remise en question après cette attaque violente, qui a choqué le pays.
Perspectives et Défis à Venir
L’intensification des expulsions vers l’Afghanistan semble être l’une des réponses de l’Allemagne face à ces défis. Cependant, les obstacles logistiques et diplomatiques sont nombreux, notamment en raison du contexte politique fragile à Kaboul. L’opinion publique allemande se divise sur la manière de gérer ces expulsions, avec une montée en puissance des voix de l’opposition dénonçant un manque de fermeté dans le traitement des criminels étrangers.
Les prochains mois seront cruciaux pour l’Allemagne, avec les élections prévues le 23 février, où la question de l’immigration et de la sécurité risque de jouer un rôle déterminant.