Alors que le décès soudain de l’homme d’affaire, Hubert Zieseniss interroge et qu’un meurtre n’est pas à exclure. Une lecture encore plus profonde de l’affaire est à réaliser. Entre liens indirects avec Jeffrey Epstein ou avec le Forum économique mondial, soucis d’argent et histoire d’héritage, éclairons ensemble les zones d’ombres de cet évènement sordide. Merci à Casimir Noir pour son aide chirurgicale dans ce dossier, dont de nombreuses sources proviennent de ce fin limier sur X.
Hubert Zieseniss, homme d’affaires très réputé de 83 ans, a été retrouvé mort mardi 4 juin dans un appartement du boulevard Haussmann à Paris. À ses côtés se trouvait sa femme, Aude de Thuin, grièvement blessée. Selon les informations du journal Le Parisien, un message laissé par une des victimes demandait aux secours de ne pas tenter de réanimation, précisant que le geste de désespoir avait été fait “en conscience”. La femme aurait tué son mari avant d’essayer, en vain, de se donner la mort. En effet, les enquêteurs privilégient la piste d’un double suicide partiellement raté.
Hubert Zieseniss était un homme d’affaires new-yorkais aussi influent que discret. Sa carrière a pris un tournant significatif en 1989 lorsqu’il a assumé la présidence de Dafsa, une société spécialisée dans la diffusion d’informations financières. Il était un pilier du groupe Expansion sous la direction de Jean-Louis Servan Schreiber. Ce dernier, dont la famille a fondé les journaux Les Échos et L’Express, est à l’origine du groupe Expansion, pilier de la presse économique en France. En 2007, il lance et préside le comité de soutien de l’organisation Human Rights Watch en France, et qui veille au respect des droits humains à travers le monde et alerte les gouvernements ainsi que la presse. Human Rights Watch est affilié au Forum Économique Mondial. Jean-Louis Servan Schreiber est décédé en 2020, à cause du Covid-19.
Aude de Thuin a tenté d’intégrer les rangs du Forum Économique Mondial de Davos, mais n’a pas pu être acceptée. Selon ses dires dans son livre “Les femmes à la conquête de l’économie mondiale”, c’est à cause du fait qu’elle était une femme, comme seulement 4% des membres du FEM à cette époque, en 2000. Aude de Thuin dirigeait une PME (Petite ou moyenne entreprise), alors que le FEM s’affiliait davantage avec des entreprises plus importantes. L’égalité homme-femme, le féminisme et l’ouverture d’esprit sont des valeurs essentielles à l’Agenda 2030 du Forum de Davos.
Des difficultés financières
Malgré une fortune immense, le couple Zieseniss-Thuin faisait face à des problèmes d’argent. En effet, en octobre 2015, l’entreprise Thuin et associés consulting, dont Aude de Thuin était présidente et son mari directeur général, avait fait l’objet d’une liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Une clôture pour insuffisance d’actif par jugement, si l’on en croit la radiation d’office du 6 décembre 2017.
Des ramifications indirectes assez sombres
Dans ses colonnes la semaine passée, le journal Libération a sorti une enquête sur “les hommes de la rue du Bac”, qui étaient des notables pédocriminels dans les années 1970 à Paris. Inès Chatin est la fille adoptive de Jean-François Lemaire, qui était médecin de la haute société parisienne et qui est décédé en 2021. Elle est une victime qui témoigne des horreurs qu’elle a pu subir de son père adoptif, mais aussi de la part de l’écrivain Gabriel Matzneff, qui a pu tenir des déclarations publiques ouvertement pédophiles.
Dans cette enquête on retrouve le nom de Jean-François Lemaire, qui est un médecin réputé, mais aussi un membre du Comité Français de sauvegarde de Venise, selon une archive trouvée par Jol Vil sur X. On note que Jean-François Lemaire était très intégré au monde de la médecine, mais aussi du journalisme français et de l’art.
Le Comité Français de sauvegarde de Venise a été cofondé et présidé par Jérôme-François Zieseniss, le frère d’Hubert. Tout comme ce dernier, Jérôme-François est mort cette année, mais lui du côté de Madrid, et d’un AVC. La famille Zieseniss était l’une des plus ferventes donatrices du Comité de sauvegarde de Venise. Une longue liste de mécènes dans laquelle figure notamment Nina Stevens, qui figure dans le livre noir d’Epstein, a été cité dans les Pandora Papers et a été proche de la famille de Monaco, dont Albert II est un contributeur du FEM.

Une famille bien placée
Conjoint d’Aude de Thuin depuis 1989, Hubert Zieseniss a aussi eu une autre femme dans sa vie, une certaine Pamela Huntington Darling. Passé par l’université de Californie Berkeley affiliée au Forum Économique Mondial, elle a eu trois enfants avec Hubert Zieseniss. Pamela Huntington Darling aurait été reçue à Tanger par le jardinier de Jeffrey Epstein, qu’elle remercie chaleureusement sur Facebook : Madison Cox. Ce dernier s’était marié avec Pierre Bergé, magnat de la presse et de la mode.

Le père d’Hubert Zieseniss n’était autre que Charles Otto Zieseniss, qui, comme son autre fils Jérôme-François, a œuvré pour l’art et le patrimoine, en étant notamment administrateur de la société des amis de Versailles, mais aussi de la Société des amis de la Malmaison, et des amis des Lettres. Il est un ancien vice-président de la Fondation Napoléon et du Souvenir napoléonien.
Une affaire d’héritage aurait aussi pu impacter l’unité familiale. En effet, à sa mort, Jérôme-François Zieseniss aurait légué sa fortune au Duc Decazes, propriétaire du Palais Polignac de Venise. L’un des ancêtres du Duc actuel serait Élie Decazes, Grand Commandeur du Rite écossais ancien et accepté. Une appartenance à la franc-maçonnerie démontrée par la Une de couverture de ce livre :
