L’ex-haute représentante de l’Union européenne et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Federica Mogherini a été interpellée ce mardi matin dans le cadre d’une enquête du Parquet européen portant sur un marché public soupçonné d’avoir été attribué de manière irrégulière. Des perquisitions ont été menées à Bruxelles et à Bruges, visant notamment le Collège d’Europe, qu’elle dirige depuis 2020.
La nouvelle s’est propagée à vive allure dans le quartier européen de Bruxelles : Federica Mogherini, ancienne cheffe de la diplomatie de l’Union européenne entre 2014 et 2019, a été placée en garde à vue ce mardi 2 décembre. Selon les informations dévoilées par Euractiv, la police belge, agissant pour le compte du Parquet européen (EPPO), a conduit dès l’aube une série d’opérations ciblant des institutions au cœur du dispositif diplomatique européen.
Vers 7 h 30, une dizaine d’enquêteurs ont pénétré dans les locaux du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), tandis qu’une autre équipe se rendait au Collège d’Europe de Bruges, prestigieuse école formant les futurs diplomates de l’UE. À la fois rectrice du Collège et directrice de la nouvelle Académie diplomatique depuis 2022, Federica Mogherini se retrouve au centre d’un dossier qui porte sur un possible détournement de fonds publics européens entre 2021 et 2022.
L’enquête vise les conditions d’attribution d’un important programme de formation destiné à de jeunes diplomates. Les enquêteurs soupçonnent que le Collège d’Europe ait bénéficié d’informations confidentielles avant même le lancement officiel de l’appel d’offres du SEAE. L’établissement avait en effet acquis en 2022 un immeuble de 3,2 millions d’euros, quelques mois avant que le SEAE ne publie un appel d’offres exigeant précisément que les candidats disposent d’un hébergement pour les stagiaires. Le Collège remportera ensuite le marché, assorti d’un financement de 654 000 euros.
Cette chronologie intrigue les enquêteurs. Le Parquet européen évoque « de forts soupçons » de violation de l’article 169 du règlement financier européen, relatif à la concurrence loyale. Les informations confidentielles antérieures à l’appel d’offres auraient, si les faits étaient confirmés, offert au Collège un avantage décisif sur ses concurrents potentiels, faussant ainsi la procédure de passation de marché. L’Office européen de lutte antifraude (Olaf), également mobilisé, participe au recueil des éléments.
L’affaire touche à des personnalités de haut rang au sein de l’appareil européen. Parmi les personnes placées en garde à vue figure notamment Stefano Sannino, actuel directeur général pour le Moyen-Orient à la Commission européenne et ancien secrétaire général du SEAE entre 2021 et 2025.
La Commission de la contributrice de l’agenda 2030 du FEM, Ursula von der Leyen, interrogée à Bruxelles, s’est refusée à tout commentaire, invoquant la nature en cours de l’enquête.
Federica Mogherini, qui fut ministre italienne des Affaires étrangères avant d’occuper le poste de haute représentante de l’UE, n’a pour l’heure fait aucune déclaration publique. Les faits investigués se seraient déroulés sous le mandat de Josep Borrell, son successeur au SEAE, lui-même récemment remplacé par l’Estonienne, Kaja Kallas, également proche du WEF.
Reste désormais à déterminer si les responsabilités institutionnelles ont permis ou facilité l’accès à des informations protégées, et si le Collège d’Europe a bénéficié d’un traitement privilégié. Une question sensible, au cœur d’une affaire qui pourrait secouer durablement les cercles diplomatiques européens.
Sources :
Le Point – lien