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Mégabarrage sur le Nil : tensions croissantes entre Éthiopie, Égypte et Soudan

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Le mégabarrage sur le Nil, achevé en Éthiopie, suscite de vives inquiétudes au Soudan et en Égypte concernant l’accès futur à leurs ressources en eau. Alors que le gigantesque ouvrage hydraulique sera inauguré en septembre, ses implications hydropolitiques continuent de diviser la région.

Un jalon décisif a été franchi en Éthiopie avec l’annonce, le mercredi 3 juillet 2024, de la fin de la construction du Grand barrage de la Renaissance (GERD). Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a officialisé la nouvelle, précisant que la cérémonie d’inauguration de l’ouvrage est prévue pour le mois de septembre. Ce projet titanesque, lancé en 2011 sur le Nil Bleu, ne cesse d’alimenter les tensions avec les pays voisins, Soudan et Égypte en tête.

Un projet d’envergure pour l’Éthiopie

Destiné à doter l’Éthiopie de la plus grande centrale hydroélectrique du continent africain, le Grand barrage de la Renaissance est implanté dans la région de Benishangul-Gumuz, à l’ouest du pays. L’ouvrage mesure 145 mètres de haut et 1 800 mètres de long, avec une capacité de production estimée à plus de 6 000 mégawatts. Pour Addis-Abeba, ce projet est essentiel au développement économique et à l’électrification du pays, où plus de 60 % de la population n’a pas encore accès à l’électricité.

« Le barrage est un miracle national, fruit de l’union de notre peuple pour notre souveraineté et notre développement », a déclaré Abiy Ahmed dans son allocution. Il a également salué un « moment historique », marquant l’aboutissement d’un chantier de treize ans au coût estimé à plus de 4 milliards de dollars.

Vives inquiétudes au Soudan et en Égypte

Mais l’enthousiasme éthiopien contraste fortement avec les inquiétudes croissantes exprimées par l’Égypte et le Soudan, qui dépendent largement du Nil pour leur approvisionnement en eau. Le Nil Bleu, sur lequel est édifié le GERD, représente à lui seul environ 85 % du débit total du fleuve.

Le Caire redoute une réduction des volumes d’eau qui lui parviennent, alors que le pays est déjà en situation de stress hydrique aigu. Khartoum, de son côté, s’inquiète quant à la régulation des flux et au risque de crues ou de sécheresses non anticipées. Les deux pays voisins exigent un accord tripartite juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du barrage, mais les négociations menées sous l’égide de l’Union africaine ont jusqu’ici échoué à aboutir.

Un contexte de tensions régionales persistantes

Le Grand barrage de la Renaissance cristallise depuis des années les tensions géopolitiques dans la région. L’imbrication des enjeux énergétiques, agricoles et de sécurité hydrique accentue les divergences entre les trois pays. L’Éthiopie soutient que le remplissage du réservoir — entamé depuis 2020 — se déroule sans perturber l’écoulement du Nil, ce que contestent vivement l’Égypte et le Soudan.

L’inauguration prochaine du mégabarrage sur le Nil représente ainsi un tournant stratégique pour Addis-Abeba, alors même que Le Caire et Khartoum ne cessent d’alerter sur les conséquences en cascade que pourrait entraîner une gestion unilatérale de ce gigantesque réservoir.

Alors que l’Éthiopie célèbre l’achèvement du Grand barrage de la Renaissance, le mégabarrage sur le Nil continue de susciter des tensions régionales majeures autour du partage de l’eau.

source : Sud Ouest

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