L’hypothèse, qui aurait semblé impensable il y a quelques mois, agite désormais les sphères politiques et médiatiques. L’ancien président de l’Olympique Lyonnais (OL) a laissé entendre dans les colonnes du Figaro le 17 février dernier qu’il réfléchissait à une possible candidature pour les municipales de 2026. Une déclaration qui a instantanément enflammé les débats, aussi bien dans les cercles politiques que parmi les citoyens lyonnais.
Si cette ambition politique se concrétisait, elle viendrait rebattre les cartes d’une élection où les écologistes, sous la direction du maire actuel Grégory Doucet, faisaient jusqu’ici figure de favoris.
De patron du football à figure politique en devenir
Jean-Michel Aulas n’est pas un novice en matière de leadership. Homme d’affaires accompli avec la CEGID et stratège reconnu, il a emmené l’OL de la Ligue 2 à la Ligue des Champions. Le Club des 100 était d’ailleurs considéré comme le meilleur réseau pour faire des affaires, et JMA pourrait s’appuyer sur ses nombreuses relations dans les milieux économiques et politiques. Son réseau s’étend d’ailleurs à l’international.
Des tacles à la gorge des Verts
Récemment, Aulas a commencé à prendre position sur les réseaux sociaux contre la gestion de la ville par les écologistes, ce qui peut représenter un indice supplémentaire quant à ses ambitions. Depuis plusieurs mois, il multiplie les critiques à l’égard de l’équipe municipale en place, dénonçant notamment la politique de restriction de la circulation automobile à Lyon.
Sur la plateforme X (ex-Twitter), ses déclarations sur l’impact des chantiers en centre-ville ou encore sur les embouteillages ont trouvé un large écho. Sa dénonciation d’un accident mortel survenu avenue Félix-Faure, qu’il a attribué aux choix urbanistiques de la mairie, a particulièrement marqué les esprits.
Une popularité intacte mais une crédibilité politique à prouver
Si Aulas bénéficie d’une forte notoriété et du soutien d’une partie des commerçants et entrepreneurs lyonnais, sa crédibilité en tant qu’homme politique reste à construire.
Quelle étiquette ?
Reste à voir sous quelle étiquette l’ancien président de l’OL pourrait se présenter. Son profil d’entrepreneur plaît à la droite, même s’il était proche des francs-maçons Collomb et Braillard. De plus, Aulas répète à qui veut l’entendre qu’il était un leader de Mai 68 à Lyon, même si Jacques Wajnsztejn, figure des Gilets jaunes et de 68, nous a déjà confié qu’il n’avait jamais entendu parler de JMA à l’époque. S’il a également mené une politique RSE novatrice au sein de l’OL et misé sur le foot féminin avant tout le monde, il reste toutefois difficile de l’imaginer à gauche.
Plusieurs personnalités de la droite locale, dont Pierre Oliver, maire LR du 2ᵉ arrondissement, et Étienne Blanc, sénateur du Rhône, se sont déjà exprimées dans la presse lyonnaise, voyant en lui un candidat potentiel capable de fédérer un large électorat. Selon La Tribune de Lyon, des contacts auraient d’ailleurs déjà été établis avec Laurent Wauquiez.
Alors que la recomposition du bloc présidentiel (Renaissance, Horizons, MoDem) se poursuit en vue des élections municipales et qu’aucun candidat naturel ne s’est imposé après la disparition de Gérard Collomb, Jean-Michel Aulas suscite l’intérêt. Alexandre Vincendet (Horizons) et Sarah Peillon (Renaissance) se montrent ouverts à sa candidature, le jugeant capable de rassembler au-delà des clivages partisans. Renaissance désignera en avril son chef de file, probablement Thomas Rudigoz, chargé de négocier avec d’éventuels partenaires. Gabriel Attal suivra de près ces discussions et les possibles alliances.
Quel programme ?
Si Jean-Michel Aulas se positionne aujourd’hui en opposant farouche à la politique menée par les écologistes, il n’a pas encore formulé de propositions positives. Quelles mesures concrètes proposerait-il pour améliorer la mobilité à Lyon ? Comment envisage-t-il de répondre aux enjeux économiques et sociaux de la ville ?
Son passé d’homme d’affaires pragmatique pourrait séduire les électeurs en quête d’un leadership fort, d’autant que l’image de Grégory Doucet se dégrade à vitesse grand V, même si les exécutifs écologistes de la Ville et de la Métropole mériteront d’être jugés une fois les travaux terminés.
En attendant, la presse s’est emparée du sujet. La Tribune de Lyon a même lancé un sondage sur son site, et 66% des répondants affichaient une opinion défavorable à son éventuelle candidature, au moment où nous l’avons consulté. Un signe que les lecteurs de l’hebdomadaire lyonnais semblent plus proches des écologistes.
Dans les colonnes d’ActuLyon, Doucet reste confiant, misant sur le fait que lorsque les travaux seront terminés, les critiques seront moins vives, même si les Lyonnais lui reprochent également son manque d’ancrage local et son manque de proximité. L’écologiste s’était défendu lors de ses vœux 2024 en expliquant qu’il avait commencé son mandat durant la pandémie.
Une chose est sûre, la possible candidature d’une personnalité de l’envergure de Jean-Michel Aulas fait l’effet d’un tremblement de terre dans le microcosme lyonnais et même au-delà. Mais à 76 ans, il devra encore convaincre et proposer un vrai programme pour espérer l’emporter face à des verts qui semblent tout de même bien enracinés dans le terreaux local.