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Lyon Capitale : 30 ans d’impertinence au cœur de la scène médiatique lyonnaise

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Fondé en 1994, Lyon Capitale s’est rapidement imposé comme une voix incontournable du paysage médiatique lyonnais. Véritable pionnier du journalisme d’investigation local, ce journal a marqué l’histoire de la région avec son approche incisive et son impertinence. Initialement hebdomadaire, il s’est transformé en mensuel au fil des années et s’est un peu assagi. Aujourd’hui, à l’occasion de son 30e anniversaire, Lyon Capitale se retourne sur son histoire et celle de la ville à travers une rétrospective de ses couvertures marquantes.

L’histoire de Lyon Capitale commence avec une bande d’amis passionnés de journalisme. Jean-Olivier Arfeuillère, Philippe Charlot, Agnes Vezirian, Pascale Laplace et Mathieu Thai, déjà rodés par leur expérience avec le magazine culturel Côté Cène, lancent ce qui deviendra un incontournable de la presse lyonnaise. Le journal a réussi l’exploit de s’imposer à un moment ou Lyon Libé, Lyon Figaro, Le Monde Rhone-Alpes, Lyon Matin venaient de se casser les dents, malgré des débuts modestes avec un capital de seulement 15 000 euros.

Le soutien des Lyonnais et la conquête de la ville

Dans une ville moribonde, à peine réveiller par l’arrivée du dynamique Michel Noir, à une époque où l’OL évoluait encore en D2, Lyon Capitale a trouvé un écho auprès d’une population en quête de renouveau. Soutenu par une association de lecteurs et des personnalités locales, le journal s’est vite imposé comme le symbole d’une presse libre et indépendante. À une époque où la ville peinait à se réinventer, Lyon Capitale émergea comme un acteur essentiel, révélant les scandales locaux et apportant une voix différente.

Un âge d’or sous le pavillon du Progrès

En 1995, Lyon Capitale est passé sous le contrôle du Progrès, devenant une sorte de laboratoire éditorial pour le groupe tout en conservant une indépendance éditoriale. Cette période a vu le journal s’épanouir économiquement bénéficiant des pubs des start ups, prêtent à investir massivement pour communiquer. Toujours à l’avant-garde, Lyon Capitale fût d’ailleurs l’un des premiers journaux français à se lancer en ligne. Le journal s’est démarqué également par ses pages Culture riches et innovantes, et par l’organisation d’événements marquants, comme une soirée mémorable dans le tout nouveau parking des Terreaux.

Sous le mandat de Raymond Barre, durant les « années de plomb » comme les appellent les journalistes de Lyon Capitale, les relations étaient tendues. Le maire parachuté ira jusqu’à menacer en conf’ de presse de vouloir « exécuter un scribouillard » du journal. Il faut dire que Lyon Capitale n’hésitait pas à dénoncer les dysfonctionnements locaux, à sortir des enquêtes retentissantes et à prendre position sur des sujets brûlants. En 1998, le journal a par exemple appellé à la démission de Charles Millon après son alliance controversée avec le Front National. Ces prises de position valurent alors au journal une reconnaissance nationale, mais aussi des frictions avec les pouvoirs en place.

Enquêtes et scandales : une ligne éditoriale audacieuse

Au fil des ans, Lyon Capitale s’est distingué par ses enquêtes fouillées, qu’il s’agisse des dessous de l’Opéra de Lyon ou du projet de contournement de la ville, ou encore des complaisances avec le négationniste du président de Lyon 3, Gilles Guyot. Ce journalisme incisif lui a valu de nombreux procès, mais c’est aussi ce qui a assis sa réputation de média « poil à gratter ». En 1999, lors de la visite du président chinois Jiang Zemin, le journal a par exemple organisé une action spectaculaire avec le dissident Wei Jin Cheng, interpelant via un mégaphone, le président Chinois, Hu Jintao, qui était reçu en grande pompe à l’Hôtel de Ville par Raymond Barre.

Les turbulences sous l’ère April

Après plusieurs années sous la direction du groupe Le ProgrèsLyon Capitale finira par changer de mains en 2005 pour passer sous la houlette de Bruno Rousset, PDG du groupe April. Cette période fût cependant marquée par des tensions croissantes avec les élus locaux, notamment Gérard Collomb, alors maire de Lyon, qui décida de couper les revenus publicitaires issus des collectivités. Cette décision faisait suite à un entretien exclusif accordé par Patrick Bertrand, vice-président des marchés publics du Grand Lyon, dans lequel il dénonçait des irrégularités dans les appels d’offres concernant le marché du chauffage urbain.

Gérard Collomb, mécontent, aurait alors exigé le départ de Jean-Olivier Arfeuillère, directeur de la publication, et de Philippe Charlot, responsable des pages politiques, selon le journal Le Monde. Cette demande entraîna une crise interne majeure. En réponse, Bruno Rousset tenta de fermer l’entreprise, mais le tribunal de commerce refusa la liquidation.

L’ancien PDG du Progrès, Xavier Ellie, a alors pris les rênes de l’hebdomadaire et réintègré les deux fondateurs. En 2007, Jean-Olivier Arfeuillère et Philippe Charlot décidèrent finalement de quitter Lyon Capitale pour ouvrir Dar Nour, une maison d’hôtes à Tanner, devenue très prisée.

Renaissance sous Christian Latouche

En 2008, l’homme d’affaires Christian Latouche, à la tête du groupe Fiducial, rachèta Lyon Capitale et relanca le titre sous un nouveau format mensuel. Sous cette nouvelle ère, le journal a réaffirmé son indépendance éditoriale tout en modernisant son offre numérique. Cette transition a été marquée par une nouvelle étape dans l’évolution du média, qui continue de se positionner comme un acteur critique de la vie politique et sociale locale, même s’il s’est quelque peu institutionnalisé. Durant l’époque Fiducial, le journal a notamment sorti des enquêtes sur les « magouilles » du grand stade à Décines.

30 ans d’histoire et d’engagement

À l’occasion de son 30e anniversaire, Lyon Capitale célèbre son riche parcours à travers un numéro spécial retraçant les grands moments de son histoire, du classement de Lyon au patrimoine mondial de l’UNESCO à l’arrivée de Sonny Anderson à l’OL, en passant par les scandales locaux et les victoires culturelles. Une histoire que le média a accompagné et à laquelle il a parfois même participé.

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