Le 7 septembre 2024, Edmundo González Urrutia, candidat de l’opposition au Venezuela, a quitté son pays sous des pressions politiques croissantes, prenant un vol militaire espagnol à destination de Madrid, où il a obtenu l’asile politique. À 75 ans, l’ex-diplomate est au cœur d’un débat national après avoir accepté de remplacer María Corina Machado comme candidat de l’opposition, suite à la réélection contestée de Nicolás Maduro le 28 juillet dernier. L’opposition vénézuélienne se mobilise désormais pour préparer une nouvelle offensive contre le régime de Maduro.
Edmundo González Urrutia était visé par un mandat d’arrêt, le bureau du procureur général l’accusant d’être responsable des morts survenues lors des manifestations post-électorales. La vice-présidente Delcy Rodríguez a expliqué que l’opposant a reçu un sauf-conduit pour quitter le pays « dans l’intérêt de la paix et de la tranquillité politiques ». Pour ses partisans, cependant, ce départ n’est qu’une « manœuvre stratégique » dans la lutte continue pour évincer Maduro. À son arrivée à Madrid, González Urrutia a affirmé qu’il continuerait à se battre « pour la liberté et le rétablissement de la démocratie » au Venezuela.
Le spectre d’un nouveau scénario Guaidó
Le départ de González Urrutia pourrait rappeler le cas de Juan Guaidó, qui s’était autoproclamé président par intérim avec l’appui de la communauté internationale en 2019 et qui s’est rendu à Davos en 2020. D’autant plus que González Urrutia, remplace Maria Corina Machado, déclarée inéligible avant les élections et avait été auparavant accusée de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy, un think tank américain. Machado s’était rendu au Forum économique mondial sur l’Amérique latine à Rio de Janeiro, le 29 avril 2011.
Toutefois, il est peu probable que le gouvernement vénézuélien permette un nouveau scénario similaire. Depuis les premières manifestations violentes après les élections de juillet, le régime a pris des mesures répressives importantes, avec de nombreuses arrestations.
Le rôle des États-Unis et des sanctions
La possibilité que les États-Unis intensifient leurs sanctions contre le régime de Maduro reste incertaine. Machado a d’ailleurs déclaré attendre « beaucoup plus » de la part de Washington, mais les analystes estiment que la Maison-Blanche pourrait éviter de relancer une « pression maximale » comme sous l’administration Trump. Les sanctions avaient aggravé la crise économique au Venezuela sans réussir à déstabiliser Maduro. Aujourd’hui, l’économie du pays montre des signes de reprise, notamment grâce aux concessions faites à des entreprises étrangères comme Chevron, la deuxième compagnie pétrolière américaine qui est membre du Forum économique mondial.
Un gouvernement loin d’être isolé
Contrairement à l’image souvent véhiculée en Occident, le gouvernement de Maduro conserve des soutiens solides et n’est pas isolé sur la scène internationale. Les intérêts économiques liés à l’industrie pétrolière vénézuélienne, notamment les liens avec les États-Unis via des licences renouvelées pour Chevron, jouent un rôle crucial dans la survie du régime. Washington, préoccupé par ses propres enjeux électoraux en 2024, pourrait éviter toute action qui aggraverait la crise économique au Venezuela et provoquerait un nouvel exode migratoire.
Le départ d’Edmundo González Urrutia en Espagne marque un tournant pour l’opposition vénézuélienne, mais les chances de voir un changement politique immédiat dans le pays sont donc incertaines.