You are currently viewing L’irrésistible ascension de la Journée Internationale des Femmes dans l’agenda mondial 
Rassemblement à Dhaka, un 8 mars. Photo : @Soman/wikipedia.

L’irrésistible ascension de la Journée Internationale des Femmes dans l’agenda mondial 

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:MONDE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Chaque année, le 8 mars marque la Journée Internationale des Femmes, une occasion mondiale de mettre en lumière la lutte pour l’égalité des sexes et la fin des inégalités face aux hommes. Officialisée par l’ONU en 1977, cette journée tire ses racines des mouvements féministes européens et américains du début du XXe siècle, avec la première « Journée nationale de la femme » célébrée aux États-Unis en 1909, mais c’est au sein de l’Union soviétique que cet évènement a pris toute son ampleur. Sous l’égide des Nations unies, la Journée International des Femmes a évolué pour devenir une plateforme globale de revendication du droit des femmes, témoignant de l’irrésistible ascension de cette évènement dans l’agenda mondial. 

L’histoire de l’Humanité a été marquée par des revendications féministes dans les sociétés patriarcales, mais l’émergence de la journée International des Femmes tire ses racines du socialisme américain et allemand. 

Les origines de la Journée International des Femmes

Conformément à une déclaration du Parti socialiste américain, la première Journée nationale de la femme a été célébrée sur l’ensemble du territoire des États-Unis le 28 février. Les femmes ont continué à célébrer cette journée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913.

L’origine de cette journée est profondément ancrée dans les luttes socialistes, avec Clara Zetkin, journaliste et femme politique marxiste allemande qui a été présidente de l’Internationale socialiste des femmes (ISF), une organisation féministe et socialiste principalement européenne, proposant en 1910 la création d’une Journée internationale des femmes sans date fixe, ce qui aboutira à sa première célébration en 1911 dans plusieurs pays européens. Ceci est intervenu lors de la deuxième réunion de l’ISF, qui était principalement soutenu par le SPD, principal parti socialiste européen avant la première guerre mondial. Lors de cette réunion qui a eu lieu à Copenhague réunissant une centaine de femmes venant de 17 pays différents, Zetkin prononça un discours où elle compara la croissance du mouvement socialiste féminin aux débuts du christianisme et lia l’émancipation féminine au progrès social. La Deuxième internationale a alors adopté une résolution proposant la mise en place d’une journée internationale de la Femme précisant que « les femmes socialistes de tous les pays devraient l’organiser en collaboration avec les organisations politiques et syndicales » et que « l’objectif immédiat était d’obtenir le droit de vote ». 

La première Journée internationale des femmes a été célébrée, le 19 mars 1911, en Allemagne, en Autriche au Danemark et en Suisse. Quelques jours plus tard, le 25 mars, un incendie pendant une grève des couturières dans un atelier textile de New York tuait 140 ouvrières, principalement des immigrées italiennes et juives d’Europe de l’Est, enfermées à l’intérieur de leur usine. Cette tragédie, a eu un fort retentissement et a renforcé la mise en place de la Journée Internationale de la Femme qui est apparue comme une commémoration de cet évènement. De 1911 à 1915, des « journées internationales de la femme » ou « des ouvrières » ont été célébrées dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, en Autriche, en France et en Russie, pays dans lequel, cet évènement a été organisé pour la première fois le 2 mars 1913 à Saint-Peterbourg. Le 8 mars 1914, des femmes socialistes ont organisé de nombreux événements à Berlin pour revendiquer le droit de vote. Le 8 mars 1917 a eu lieu à Saint-Petersourg, des manifestations d’ouvrières que les bolcheviks ont désigné comme le premier jour de la révolution russe. C’est en souvenir de cette première manifestation de la Révolution que, le 8 mars 1921, Lénine qui avait été soutenue par l’Allemagne afin de mener sa révolution aurait décrété la journée « Journée internationale des femmes », faisant de la Russie, le premier pays à officialiser cet événement, qui s’est étendu en Europe de l’Est, un mouvement qui s’est accrue après la Seconde guerre mondial avec la propagande soviétique. La radio tchécoslovaque décrivait par exemple comment des avions appétaient du mimosa, des violettes et des roses du Caucase et de Crimée pour célébrer l’évènement. 

Parallèlement, la Charte des Nations Unies a été signée à San Francisco en 1945. L’ONU la qualifie de « premier instrument international à proclamer l’égalité des sexes en tant que droit fondamental de la personne humaine ».

En 1955, la France voit naître un mythe autour du 8 mars, relayé notamment par un article de L’Humanité, évoquant une marche de couturières à New York un siècle plus tôt, le 8 mars 1857. Cette information, reprise annuellement par les médias liés au PCF, à la CGT et aux groupes féministes du Mouvement de libération des femmes, se révèle pourtant historiquement inexacte. Selon l’historienne féministe, Françoise Picq, cette date serait en fait un mythe initié par Madeleine Colin, féministe et secrétaire confédérale de la CGT. 

Une confusion a été créé entre cette manifestation et  l’incendie du 25 mars 1911 qui a été officiellement rappelé par la ville de New York et les Nations unies à plusieurs reprises.

L’officialisation des Nations unies

L’ONU reprenait l’initiative communiste le 8 mars 1977 en adoptant une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix internationale », sous la présidence de son secrétaire général, Kurt Waldheim, qui fut entachée d’un scandale après les révélations de son passé nazi en 1986. Celui qui avait fréquenté l’académie consulaire de Vienne qui formait les futurs diplomates autrichiens a en effet servi d’officier de renseignement de la Wehmacht contribuant à la réussite de l’opération Kozora menée par les nazis contre les partisans et la population du Monténégro et de Macédoine. Il a notamment été sus les ordres du général Alexander Löhr, surnommé le « boucher des Balkans ». Ces révélations ont emmenées Waldheim à ne pas se représenter à la fin de son mandat en 1992. 

Au cours des années, les efforts de l’ONU pour favoriser la promotion de l’égalité femme-homme, se sont orientés selon quatre axes majeurs : « promotion de mesures juridiques; mobilisation de l’opinion publique et de l’action internationale; formation et recherche, y compris compilation de statistiques ventilées par sexe; et assistance directe aux groupes désavantagés. » Désormais les Nations unies prônent d’ « investir en faveur des femmes », « mettre fin à la pauvreté », « mettre en oeuvre un financement en tenant compte du genre », « passer à une économie verte et une société de soins, qui fait davantage entendre les femmes » et « soutenir les agents de changement féministe ». L’ONU considère « qu’aucune solution durable aux problèmes sociaux, économiques et politiques les plus pressants de la société ne peut être trouvée sans la pleine participation, et la pleine autonomisation, des femmes du monde entier ».

Le 8 mars 1982, sous l’impulsion du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et de Yvette Roudy, ministre déléguée aux Droits de la femme, le gouvernement socialiste dirigé par François Mitterrand, qui avait été soutenu par Robert Badinter, membre du club d’influence Le Siècle et les contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Jacques Attali et Laurent Fabius a accordé un statut officiel à cette journée en France, malgré l’absence de législation ou de décret spécifique à ce sujet.

En 2013, la Young Global leader du Forum économique mondial, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes en France, critiquait l’appellation « journée de la femme », qui selon elle, célèbre un prétendu idéal féminin associé à des cadeaux superficiels comme les fleurs et les parfums. Elle plaida pour que cette journée devienne un moment de mobilisation soulignant que la lutte pour l’égalité de genre doit être une « priorité ».

Laisser un commentaire