Le Fonds Souverain de la Norvège, le fonds le plus important au monde devant deux fonds chinois et le Fonds souverain saoudien, a établi un nouveau record en 2023 avec un rendement exceptionnel, propulsé principalement par les entreprises technologiques. Avec une valeur dépassant les 1.395 milliards d’euros, ce fonds monumental, alimenté par les revenus du secteur pétro-gazier norvégien, détient des participations dans près de 9.000 entreprises à travers le globe. Cela lui confère une influence significative sur la gouvernance de grandes entreprises internationales. S’il se veut éthique, il investit massivement dans les entreprises membres du Forum économique mondial.
En 2023, le fonds a réalisé un profit record de 2.222 milliards de couronnes norvégiennes (environ 197 milliards d’euros), grâce notamment à la forte performance des valeurs technologiques et à la dépréciation de la monnaie norvégienne. Cette performance remarquable marque le meilleur rendement annuel jamais enregistré par le fonds, portant sa valeur totale à 15.765 milliards de couronnes à la fin de l’année.
Selon Nicolai Tangen, le directeur du fonds, le marché boursier a montré une robustesse exceptionnelle en 2023 malgré les défis tels que l’inflation élevée et les tensions géopolitiques. Les actions technologiques ont été particulièrement performantes, contribuant de manière significative au succès du fonds.
Ce succès contraste fortement avec l’année 2022, où le fonds a subi des pertes substantielles dues à des facteurs comme la guerre en Ukraine, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, perdant plus de 1.600 milliards de couronnes (151 milliards d’euros).
Le fonds norvégien accumule tous les bénéfices de la Norvège, dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Jonas Gahr Store, provenant du secteur pétrolier, y compris les revenus fiscaux, les droits d’exploitation et d’exploration, ainsi que les parts dans des entreprises telles qu’Equinor, une compagnie d’énergie pétrolière et éolienne norvégienne qui est affiliée au FEM et Norsk Hydro, un groupe norvégien spécialisé dans la production, le raffinage, la fabrication et le recyclage de produits aluminium et producteur d’énergie, lui aussi membre du Forum économique mondial.
La gestion de ce fonds est assurée par la Banque centrale de Norvège, qui, toutefois, confie une portion de cette gestion à environ cinquante entreprises norvégiennes et internationales. La stratégie de gestion adoptée se veut de nature prudente, visant à la fois à protéger et à diversifier les investissements, avec une restriction ne permettant pas de détenir plus de 5 % des parts. Depuis 2004, le fonds affirme suivre des directives rigoureuses concernant ses principes éthiques.
L’investissement du fonds est principalement orienté vers les actions (70,9%), qui ont généré un rendement impressionnant de 21,3% en 2023. Les obligations, représentant 27,1% de ses actifs, ont également affiché un rendement positif de 6,1%. Les investissements immobiliers, en revanche, ont souffert, avec une baisse de 12,4%, principalement due à la hausse des taux d’intérêt.
Les investissements dans les technologies, en particulier ceux liés à l’intelligence artificielle, ont augmenté, représentant désormais 22,3% de ses placements boursiers. Microsoft, Apple et Alphabet (Google) les GAFAMS membres du Forum économique mondial sont parmi les principaux investissements du fonds.
En plus de sa performance financière, le fonds norvégien utilise son influence pour promouvoir une gouvernance des entreprises responsable. Il a notamment incité des entreprises du FEM, telles que Coca-Cola, Apple et PepsiCo a réduire les rémunérations de leurs dirigeants en 2023 et s’est engagé pour une plus grande diversité de genre dans les conseils d’administration. Les CEO de Coca-Cola James Quincey et de PepsciCO, Ramon Laguarta, sont par ailleurs des contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial. Il s’est également concentré sur les questions climatiques, investissant dans des projets d’énergies renouvelables.
De quoi ravir le président-fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, grand chantre et théoricien du « capitalisme des parties prenantes », un système où les entreprises sont orientées pour servir les intérêts de toutes leurs parties prenantes. La 50e édition du Forum économique mondial, qui s’est tenue à Davos en 2020, avait en effet pour thème « Les parties prenantes pour un monde cohérent et durable ». Schwab a ensuite publié en 2021 un livre intitulé « Capitalisme des parties prenantes : une économie mondiale au service du progrès, des personnes et de la planète ».