Invité de Darius Rochebin sur LCI, le nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, s’est montré ferme sur la politique migratoire mais a refusé de communiquer le nombre de sans-papiers présents en France. Une réponse qui alimente le débat sur la transparence et la gestion des flux migratoires.
Lundi soir, sur le plateau de LCI, Laurent Nunez, tout juste nommé ministre de l’Intérieur, a affronté son premier grand moment de communication politique. Interrogé par Darius Rochebin, il a détaillé sa vision de la sécurité, de la lutte contre la délinquance et du défi migratoire. Mais c’est surtout son refus catégorique de donner le nombre de clandestins présents en France qui a retenu l’attention sur les réseaux sociaux.
À la question du journaliste — « Est-ce qu’on sait seulement combien il y a de clandestins en France ? » —, Laurent Nunez a d’abord tenté de contourner le sujet : « C’est un chiffre qu’on ne connaît pas très précisément ; ce qui compte, c’est la lutte contre les filières illégales. » Relancé à plusieurs reprises, il a finalement évoqué « un ordre de grandeur de 200 000 à 300 000 personnes », avant de préciser aussitôt : « Je ne veux pas donner de chiffre exact, je ne veux pas alimenter les polémiques. »
Cette prudence assumée tranche avec la ligne plus directe de Bruno Retailleau, son prédécesseur à Beauvau, qui avait fait de la lutte contre l’immigration clandestine un marqueur politique fort. M. Nunez, lui, cherche à « dépolitiser » la question, tout en affirmant une « politique de fermeté » : exécution accrue des obligations de quitter le territoire français (OQTF), création de 3 000 places supplémentaires en centres de rétention et retraits de titres de séjour pour les étrangers condamnés.
« Nous devons être intraitables avec ceux qui ne respectent pas les valeurs de la République, » a-t-il insisté, tout en rappelant l’importance de « l’humanité » envers les migrants en situation régulière et désireux de s’intégrer. Une rhétorique équilibriste, entre fermeté régalienne et prudence politique.
Un ministre prudent mais déterminé
L’ancien préfet de police de Paris, rompu aux questions de sécurité et de renseignement, se présente comme un « ministre de la société civile », refusant les postures partisanes. « Je ne veux pas être un ministre de clivage ; je suis là pour l’intérêt général, » a-t-il martelé. Il a également défendu la ligne d’Emmanuel Macron, qu’il décrit comme « un président profondément régalien », notamment sur les sujets de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
En refusant de donner un chiffre précis, Laurent Nunez a donc préféré la posture technocratique à la polémique politique. Un positionnement calculé, qui traduit autant sa culture de préfet que la prudence d’un ministre conscient des tensions que suscite le débat migratoire à la veille de nouvelles échéances électorales.
Sources :
LCI – Interview de Laurent Nunez par Darius Rochebin – 20 octobre 2025
AFP – Compte rendu de l’interview de Laurent Nunez sur LCI – 21 octobre 2025