La France renforce son soutien militaire à l’Ukraine en débloquant une enveloppe de 195 millions d’euros, financée par les intérêts générés par les avoirs russes gelés. Cette annonce, faite le 8 mars par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, dans les colonnes du journal la Tribune dimanche, marque une étape supplémentaire dans l’engagement de Paris aux côtés de Kyiv.
L’aide inclut notamment des obus de 155 mm et des bombes planantes AASM, qui viendront équiper les Mirage 2000 ukrainiens. Outre ces livraisons, la France accélère les cessions de matériels militaires, notamment des chars AMX-10RC et des véhicules de l’avant blindé (VAB), renforçant ainsi les capacités de combat des forces ukrainiennes.
Dans une perspective plus large, cette initiative s’accompagne de partenariats industriels avec des entreprises comme Thales et EOS, ainsi que des acteurs de l’industrie civile, notamment dans le secteur automobile, qui apportent leur expertise sur les drones et autres équipements stratégiques. Cette synergie vise à structurer une base industrielle de défense capable de répondre aux besoins croissants d’un conflit qui s’inscrit dans la durée. La nécessité d’une montée en cadence des productions est soulignée, avec notamment un objectif ambitieux pour Dassault Aviation, qui devra produire jusqu’à cinq Rafale par mois à partir de 2026. De même, la fabrication des bombes planantes AASM et des missiles antichars Akeron MP sera doublée pour répondre aux impératifs opérationnels.
Parallèlement, Sébastien Lecornu insiste sur l’importance d’une réflexion stratégique autour des enjeux de défense, appelant à une concertation à huis clos entre les présidents des groupes parlementaires, l’état-major et les services de renseignement. Ce cadre confidentiel permettra d’aborder les grandes questions qui se posent : l’orientation des investissements, les alliances à privilégier et la nature des menaces à anticiper. Dans ce contexte, le ministre met en avant trois priorités : l’augmentation des capacités en munitions et la guerre électronique, la dronisation et la robotisation des armées, ainsi que l’intégration accrue de l’intelligence artificielle et du spatial dans la stratégie militaire.
Face aux bouleversements géopolitiques et à la persistance du conflit en Ukraine, la France ajuste sa posture et adapte son industrie de défense à la nouvelle donne stratégique. L’utilisation des intérêts des avoirs russes gelés pour financer l’aide militaire illustre une approche pragmatique visant à soutenir Kyiv tout en consolidant les capacités de production nationales. Cette décision reflète la volonté de la France de jouer un rôle central dans l’architecture sécuritaire européenne, à un moment où la défense du continent repose sur des alliances solides et une réactivité accrue face aux menaces émergentes.