L’ancien patron de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, se rêve désormais en maire de Lyon. À 76 ans, l’homme d’affaires se lance dans la bataille des municipales de 2026 avec un discours virulent contre la majorité écologiste de Grégory Doucet. Soutenu par une coalition allant de la droite au centre, il revendique une candidature “sans étiquette”, tout en cultivant un style populiste et offensif dénoncé par les écologistes.
À Lyon, le jeu politique s’annonce aussi disputé qu’un derby. Jean-Michel Aulas, ex-président emblématique de l’Olympique lyonnais, s’est trouvé une nouvelle ambition : conquérir la mairie en 2026. Depuis son premier meeting, organisé fin septembre dans la salle du H7 devant près d’un millier de partisans, le ton est donné. Drapeaux tricolores, slogans chocs – « Nous sauverons Lyon » – et attaques frontales contre la politique de Grégory Doucet : le septuagénaire entend rendre à la ville « sa fierté et son dynamisme », qu’il estime avoir été « brisés par la dictature verte ».
Cette entrée fracassante dans l’arène politique surprend autant qu’elle inquiète. Le dernier sondage Verian pour Mag2Lyon crédite Aulas de 47 % des intentions de vote au premier tour, le plaçant en tête de la course. Fort d’une notoriété locale forgée par trente-quatre ans à la tête de l’OL, il s’appuie sur un réseau d’influence considérable, mêlant entrepreneurs, figures du sport et notables lyonnais. Son credo ? Une candidature “sans étiquette” qui rassemble « toutes les sensibilités », même si ses soutiens se concentrent surtout à droite.
Autour de lui gravitent Laurent Wauquiez, Pierre Oliver, François-Noël Buffet ou encore les centristes Thomas Rudigoz et Fouziya Bouzerda. Tous voient en Aulas une figure capable de fédérer un électorat hostile à la politique écologiste. « Le centre et la droite font corps derrière Aulas, voyant dans sa notoriété la possibilité de gagner la ville », reconnaît Gautier Chapuis, adjoint écologiste, non sans alerter sur « le danger d’un discours populiste qui fracture le débat démocratique ».
Sa campagne se nourrit d’un profond ressentiment anti-écolo, porté notamment par Laure Cédat, devenue présidente de son comité de soutien après avoir perdu sa fille dans un accident sur une piste cyclable. Elle dénonce « une ville défigurée par les travaux » et promet de s’engager dans une équipe « issue à 50 % de la société civile ». Une promesse d’ouverture qui séduit bien au-delà des rangs de la droite traditionnelle.
Mais derrière le vernis de modernité et le storytelling bien huilé, les critiques pleuvent. « Il me fait l’effet d’un bébé Trump », tranche la députée écologiste Marie-Charlotte Garin. « C’est l’homme d’affaires qui débarque en politique sans proposition de fond. Il parle d’insécurité et de propreté, mais rien sur l’adaptation de la ville au réchauffement climatique. » Une comparaison dans la droite ligne de celle de Marine tonnelier, reprise par le sénateur Thomas Dossus, pour qui Aulas incarne « la nostalgie d’un Lyon des années 2000, triomphant et masculinisé, un “Make Lyon Great Again” local ». Renaud Payre, Vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement avait déjà dénoncé sur le plateau de Lyon Mag’ les fake News d’Aulas.
Dans son programme, l’ancien dirigeant sportif promet pourtant de conjuguer fermeté et solidarité : création d’une police métropolitaine, plan de 14 millions d’euros pour les familles monoparentales, soutien accru au sport féminin et aux quartiers populaires. Des mesures destinées à incarner la proximité et la gestion pragmatique, deux valeurs qu’il revendique depuis toujours.
Ses adversaires lui reprochent toutefois d’incarner une « politique de notables » masquée sous le vernis du renouveau. Plusieurs sources locales évoquent même un accord officieux avec Pierre Oliver (LR), qui pourrait reprendre le flambeau en milieu de mandat en échange du soutien de la droite. Aulas, lui, dément fermement : « C’est totalement faux. Les Lyonnais n’aiment pas qu’on leur mente. Je serai impliqué à 100 % dans ce mandat. »
Reste que la candidature Aulas bouleverse le paysage lyonnais. En jouant sur son image d’entrepreneur conquérant et sur une communication directe proche de celle d’un Trump français, l’ancien président de l’OL semble combler le vide laissé par la disparition de figures tutélaires comme Gérard Collomb ou Paul Bocuse. Si les écologistes peuvent encore compter sur un socle solide — 74 % des Lyonnais approuvant les projets du dernier mandat selon Verian —, la bataille s’annonce frontale. À dix-huit mois du scrutin, Lyon s’apprête à rejouer une rencontre serrée, où l’attaque politique d’Aulas risque bien de faire trembler les Verts jusqu’au coup de sifflet final.
Sources :
Marianne, Lyon Mag’.