Une polémique enfle autour d’une publication de la ministre Aurore Bergé, qui a affirmé ce week-end qu’une boulangerie strasbourgeoise aurait été attaquée « parce qu’elle serait israélienne ». Une déclaration rapidement contredite par la préfecture du Bas-Rhin, la presse locale, les forces de l’ordre et le propriétaire du commerce lui-même.
La ministre chargée de l’Égalité et de la Lutte contre les discriminations passée par le programme Young Leader du conseil Franco Britannique, fondé par les contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, François Hollande et David Cameron a publié samedi 12 avril un message sur X (anciennement Twitter) dénonçant l’attaque supposée d’un commerce « pris pour cible car il serait israélien ». Une publication partagée massivement, dans un contexte sensible de tensions autour de la cause palestinienne.
Or, selon la préfecture du Bas-Rhin, il n’y a pas eu d’attaque ciblée contre la boulangerie Dreher, située près de la cathédrale de Strasbourg. « Le commerce n’a jamais été visé, aucune inscription ou symbole ne renvoie à une identité israélienne ou juive », a précisé la préfecture au Parisien.
Un incident mineur, maîtrisé par les forces de l’ordre
L’altercation rapportée proviendrait d’un échange tendu entre des clients en terrasse et des manifestants pro-palestiniens. D’après les autorités, des gestes de provocation – notamment des doigts d’honneur – auraient été adressés au cortège, déclenchant une réaction rapide mais sans gravité.
« L’incident a été bref, les policiers sont immédiatement intervenus pour éviter toute violence physique », ajoute la préfecture, qui précise qu’aucune interpellation ni plainte n’ont été enregistrées.
Le gérant dément
Le gérant de la boulangerie, Benjamin Dreher, s’est lui aussi exprimé auprès de Dernières Nouvelles d’Alsace : « Il n’y a eu aucun dégât, nos vendeuses ne se sont même pas rendu compte de ce qu’il se passait à l’extérieur. » Il se dit surpris de l’ampleur médiatique et politique prise par ce fait divers.
La réaction d’Aymeric Caron
Le député LFI Aymeric Caron a accusé sur X la ministre de diffuser des « fake news ». « Aucune boulangerie n’a été prise d’assaut à Strasbourg car elle serait israélienne. En revanche des manifestants pour les droits des Palestiniens ont été pris à partie devant une boulangerie à Strasbourg. »
La ministre persiste… à demi-mot
Face à ces démentis, Aurore Bergé a simplement exprimé ses « regrets » dans un second message publié lundi soir, reconnaissant avoir pu « laisser entendre » une information erronée. Toutefois, son message initial, vu plus de 420 000 fois, n’a pas été supprimé.
Une instrumentalisation politique dénoncée
Cette séquence soulève une nouvelle fois la question des déclarations hâtives sur les réseaux sociaux de la part de responsables publics, sans vérification préalable. La préfecture, la police, les médias locaux et les témoins ont, dans ce cas, offert une version bien différente de celle relayée par Aurore Bergé.
Dans un climat marqué par les tensions internationales et les crispations communautaires, l’usage des mots et leur portée sur les réseaux posent question, d’autant plus quand ils émanent de la ministre en charge de la lutte contre les discriminations.