Le candidat nationaliste Karol Nawrocki a remporté de justesse l’élection présidentielle en Pologne ce dimanche, créant la surprise face au pro-européen Rafal Trzaskowski. Ce résultat fragilise l’équilibre institutionnel souhaité par Donald Tusk et annonce une cohabitation tendue.
À l’issue d’un second tour tendu, Karol Nawrocki, historien de 44 ans soutenu par le parti Droit et Justice (PiS), a remporté l’élection présidentielle avec 50,89 % des voix, contre 49,11 % pour son rival libéral Rafal Trzaskowski. Le candidat souverainiste, connu pour sa fascination assumée envers Donald Trump et son euroscepticisme, s’impose malgré les sondages défavorables publiés à la fermeture des bureaux de vote.
Le pari raté de Tusk et Trzaskowski
Quelques heures avant l’annonce des résultats définitifs, Rafal Trzaskowski et le Premier ministre Donald Tusk célébraient prématurément une victoire annoncée par les premières estimations. Leur euphorie a vite cédé la place à la désillusion. Cette défaite marque le second échec de Trzaskowski à l’élection présidentielle, après sa tentative infructueuse face à Andrzej Duda en 2020.
La cohabitation entre le gouvernement libéral et un président conservateur s’annonce houleuse. Nawrocki, qui hérite d’un droit de veto présidentiel conséquent, pourrait bloquer des réformes majeures, notamment celles destinées à restaurer l’État de droit, affaibli par huit années de gouvernance PiS. Le contrôle du Tribunal Constitutionnel, déjà largement politisé, reste entre les mains des conservateurs.
Un soutien massif de l’extrême droite
Le succès de Nawrocki repose largement sur un report de voix massif en provenance de l’extrême droite. Avec 29,5 % au premier tour, il a bénéficié du soutien quasi total des électeurs de la Confédération (14,81 % au premier tour) et de Grzegorz Braun (6,34 %), un candidat antisystème ouvertement antisémite. Selon les analystes, 87 % des électeurs de la Confédération ont choisi Nawrocki au second tour.
Malgré plusieurs scandales — dont une implication présumée dans des rixes de hooligans et des affaires immobilières douteuses — le nouveau président a su capitaliser sur son image de défenseur des « valeurs traditionnelles » et son ancrage dans les zones rurales, où il a obtenu 63,4 % des suffrages.
Une présidence à contre-courant de Bruxelles
L’arrivée de Nawrocki au pouvoir risque devrait rebattre les cartes des relations entre Varsovie et Bruxelles. Sous Donald Tusk, la Pologne s’était repositionnée comme un acteur central au sein de l’UE, engagé sur les dossiers de défense, d’énergie ou encore de compétitivité économique.
Avec un taux de participation exceptionnel de 71,8 %, les Polonais ont clairement exprimé leur clivage entre deux visions opposées du pays. Le quinquennat de Karol Nawrocki, marqué par son style populiste et son admiration pour Donald Trump, s’annonce crucial pour la Pologne.
Source : Le Figaro.
