Lors de son intervention télévisée sur TF1 ce mardi 13 mai, Emmanuel Macron a évoqué l’éventualité d’un partage de la dissuasion nucléaire française avec d’autres pays européens. La réponse de Moscou ne s’est pas fait attendre.
Lors de son entretien sur TF1, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d’engager un débat sur la dissuasion nucléaire française dans un cadre européen. Le président souhaite explorer la possibilité de déployer des avions français armés de bombes nucléaires dans d’autres pays européens, une idée qui rappelle la pratique américaine du partage nucléaire au sein de l’OTAN.
Toutefois, Macron a posé des conditions fermes : la France ne paiera pas pour la sécurité des autres, ce déploiement ne diminuera pas les capacités françaises et la décision finale restera celle du chef de l’État français.
Une doctrine française inchangée
Malgré cette ouverture, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que la doctrine nucléaire française reste inchangée depuis le général de Gaulle. La France demeure souveraine dans ses choix stratégiques et n’entend pas abandonner le contrôle de son arsenal nucléaire. Le président a également souligné que cette réflexion n’impliquait pas une révision complète de la doctrine mais simplement une prise en compte des enjeux européens dans la stratégie de dissuasion.
Réaction du Kremlin : prudence et scepticisme
La réaction de Moscou n’a pas tardé. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a exprimé son scepticisme face à cette proposition ce mercredi 14 mai. Selon lui, le déploiement d’armes nucléaires françaises en Europe ne renforcerait ni la sécurité, ni la stabilité du continent. Il a appelé à des efforts coordonnés entre Moscou, Washington et les États européens dotés de l’arme nucléaire pour construire une architecture de sécurité stratégique en Europe.
Une Europe en quête de protection
Le débat sur la dissuasion nucléaire européenne n’est pas nouveau. En février dernier, Emmanuel Macron avait déjà proposé d’ouvrir la discussion avec ses partenaires européens, rappelant que la doctrine française prend en compte les intérêts vitaux européens. Avec l’évolution des menaces internationales et les incertitudes liées à l’engagement américain en Europe, certains pays de l’UE, y compris les États scandinaves, commencent à envisager une coopération nucléaire accrue.
Une stratégie de défense européenne en mutation
La proposition d’Emmanuel Macron intervient dans un contexte où l’Europe cherche à renforcer sa capacité d’autonomie stratégique. La possibilité de voir des Rafales français armés de bombes nucléaires dans d’autres pays européens pourrait marquer un tournant dans la défense collective européenne.
Reste à savoir si les partenaires européens répondront favorablement à cette proposition et si un consensus pourra émerger sur un partage plus affirmé du parapluie nucléaire français.
Sources : L’Indépendant, Le Figaro.