L’Allemagne accueille ce mardi à Berlin une conférence organisée par l’Union européenne en collaboration avec le gouvernement allemand destinée à recueillir des soutiens financiers issus du secteur privé en faveur du redressement de l’Ukraine, mais aussi et surtout de l’armement. Cette conférence s’inscrit pourtant dans une semaine marquée par une intense activité diplomatique, incluant le sommet du G7 en Italie et un sommet mondial pour la paix en Suisse. Elle a rassemblé des experts internationaux, des représentants de gouvernements, des organisations internationales, ainsi que des membres de la société civile et du secteur privé, dont la plupart sont des contributeurs du FEM, comme Olaf Scholz, Volodymyr Zelensky ou Ursula Von Der Leyen.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy ont ouvert ce matin cette conférence de deux jours.
Scholz a lancé un appel pressant aux alliés occidentaux pour qu’ils renforcent la défense aérienne de l’Ukraine. Il a souligné l’importance des munitions et des armes, particulièrement pour la défense aérienne, en annonçant la livraison d’un troisième système Patriot à l’Ukraine.
Scholz a réaffirmé son soutien à l’Ukraine en déclarant qu’il n’y aurait « pas de victoire militaire, ni de paix dictée » par Vladimir Poutine. Il a insisté sur l’engagement des alliés à soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire et a également annoncé le lancement d’un dispositif de soutien dédié aux investissements privés en Ukraine.
Volodymyr Zelensky, présent à la conférence après avoir participé aux commémorations du 80e anniversaire du débarquement en France, a souligné l’importance de la reconstruction continue de l’Ukraine malgré le conflit.
La ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schulze, a déclaré que « l’Ukraine doit continuellement reconstruire des maisons, des canalisations d’eau, des hôpitaux et des réseaux électriques ». Schulze a ajouté que la tâche de soutenir le redressement de l’Ukraine à court et à long terme était trop importante pour être abordée par les seuls gouvernements. « C’est pourquoi nous invitons expressément les entreprises, la société civile et les municipalités à participer à la conférence. »
La conférence, réunissant 2 000 participants du monde politique, des affaires et d’autres secteurs, fait suite à une réunion similaire tenue à Londres l’année dernière où Ursula Von Der Leyen avait annoncé une aide à venir de 50 milliards en faveur de l’Ukraine. Les alliés de l’Ukraine avaient également promis plusieurs milliards de dollars d’aide non militaire pour reconstruire les infrastructures du pays, lutter contre la corruption et aider Kyiv à ouvrir la voie vers l’adhésion à l’Union européenne.
Aujourd’hui, la présidente de la Commission européenne, Von der Leyen est justement revenue sur ce mécanisme de soutien de 50 milliards d’euros attribué par l’Union européenne à l’Ukraine destiné à fournir une aide prévisible jusqu’en 2027. Elle a précisé que ce mécanisme était soutenu par un solide plan de réformes et d’investissements, avec 6 milliards d’euros déjà acheminés vers l’Ukraine et a annoncé l’arrivé de 1,9 milliard supplémentaire d’ici la fin du mois.
Von der Leyen a particulièrement mis en lumière la ville de Kharkiv, dont les habitants avaient « repoussé l’agression russe », mais qui est de nouveau sous les bombes. La présidente de la Commission européenne a souligné que les habitants ont toutefois reconstruit leur ville, mais ont aussi ouvert de nouveaux centres culturels et élaboré des plans pour « une ville plus verte » et « prospère », intégrant « des industries traditionnelles et des startups innovantes ».
La présidente a aussi évoqué le lancement d’un mécanisme de soutien pour attirer des investissements privés, en particulier dans des secteurs comme l’informatique, les énergies renouvelables et les matières premières critiques. Von der Leyen a annoncé la signature lors de cette conférence des « premiers accords, d’une valeur de 1,4 milliard d’euros, avec nos banques partenaires pour attirer des investissements en Ukraine de la part du secteur privé ».
Par ailleurs, celle qui avait été au coeur d’un scandale McKinsey, le cabinet de conseil membre du FEM, lorsqu’elle était ministre allemande des armées a réaffirmé l’engagement de l’UE à soutenir l’Ukraine, non seulement sur sa reconstruction économique, mais aussi pour sa défens. Elle a annoncé que 1,5 milliard d’euros provenant des bénéfices des actifs russes immobilisés seront disponibles en juillet, dont 90% iront à la défense et 10% à la reconstruction. « Et plus tard cette semaine, au sommet du G7, nous discuterons davantage de la manière dont l’Ukraine peut bénéficier encore plus rapidement et davantage des produits des actifs russes immobilisés« , a-t-elle ajouté.
La présidente a salué les réformes mises en place par l’Ukraine malgré la guerre, notamment dans le secteur de la justice et de la lutte contre la corruption, même si de ombreuses affaires concernant des détournements de l’aide internationales ont été révélées. Selon Von Der Leyen, ces efforts rapprochent l’Ukraine de l’Union européenne. Elle a exprimé son souhait de voir les pourparlers d’adhésion commencer d’ici la fin de ce mois.
Ursula von der Leyen a réaffirmé que selon elle, l’Ukraine fait partie intégrante de l’Europe et a appelé à une union solide entre l’UE et l’Ukraine. Elle a terminé son discours en déclarant : « L’Ukraine, c’est l’Europe. Et notre union est votre maison. Slava Ukraini. Vive l’Europe« .
La ministre allemande des Affaires étrangères et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Annalena Baerbock, a ajouté que l’Allemagne mettait « tout en œuvre pour que l’Ukraine puisse bientôt s’asseoir à la table de l’Union européenne, car, outre notre soutien militaire, c’est la meilleure protection qui soit. »