Après avoir revendiqué le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, le président américain relance ses ambitions pour le prix Nobel de la paix, avec le soutien croissant de ses alliés politiques.
Le cessez-le-feu annoncé le 24 juin entre Téhéran et Tel-Aviv, à l’initiative de Donald Trump, ravive une vieille obsession du président américain : décrocher le prix Nobel de la paix. Bien qu’il ait ordonné des frappes sur plusieurs sites nucléaires iraniens quelques jours plus tôt, le locataire de la Maison Blanche se présente désormais comme l’homme qui a évité une escalade incontrôlée au Moyen-Orient.
L’idée, qui peut sembler paradoxale, séduit pourtant plusieurs figures du camp républicain. Le représentant Buddy Carter a officiellement proposé la candidature de Donald Trump au comité Nobel, arguant que celui-ci avait empêché « le plus grand État au monde soutenant le terrorisme d’obtenir l’arme la plus meurtrière de la planète ». Cette déclaration intervient alors que Fox News, principal relais conservateur, relaie activement cet appel à la distinction.
Trump, faiseur de paix autoproclamé
L’ambition n’est pas nouvelle. Donald Trump revendique depuis plusieurs années son rôle dans la signature des accords d’Abraham au Moyen-Orient, dans les négociations avortées avec la Corée du Nord ou encore dans les tentatives de désescalade entre l’Inde et le Pakistan. Ce dernier pays avait d’ailleurs déjà suggéré sa candidature au Nobel après l’annonce d’un cessez-le-feu avec New Delhi plus tôt cette année.
Dans l’histoire des États-Unis, seuls quatre présidents ont reçu cette distinction : Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Jimmy Carter et Barack Obama, ce dernier suscitant l’agacement tenace de Donald Trump.
Une paix par la force ?
Si la frappe américaine contre les installations nucléaires iraniennes a pu choquer, elle s’inscrit, selon les stratèges républicains, dans une doctrine ancienne : celle de la « paix par la force », théorisée depuis Ronald Reagan.
Trump lui-même justifie ces frappes comme une manière d’empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire, tout en imposant un cessez-le-feu rapide. Son secrétaire d’État, Marco Rubio, a réaffirmé ce positionnement lors du sommet de l’OTAN à La Haye, martelant que « personne n’a parlé autant de paix que le président Trump ».
Reste que cette stratégie peine à convaincre à l’international. Pour l’heure, le comité Nobel, composé de cinq membres désignés par le Parlement norvégien, n’a pas donné suite à la proposition américaine. Et Donald Trump, malgré son activisme diplomatique affiché, n’a engrangé aucune victoire durable sur la scène mondiale. Les cas du président russe Vladimir Poutine ou du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le rappellent cruellement.
Une candidature à double tranchant
Attribuer le prix Nobel de la paix à Donald Trump représenterait un tournant polémique pour l’institution. Si le prix n’est pas incompatible avec des opérations militaires, comme l’a montré l’exemple d’Obama en 2009, les critiques redoutent une perte de crédibilité. Les initiatives controversées de Trump envers le Groenland ou le Panama sont également pointées du doigt comme contraires à l’esprit du prix.
Mais pour ses partisans, ce prix récompenserait une vision pragmatique des relations internationales, où la dissuasion militaire devient un levier diplomatique. Une stratégie assumée qui pourrait, selon eux, marquer un retour à l’efficacité géopolitique américaine. Pour Donald Trump, c’est surtout un pas de plus vers la reconnaissance ultime.