Créé en 1972 par Antoine Riboud, président de Danone, et François Dalle, président de L’Oréal, deux multinationales membres du Forum économique mondial, le think tank Entreprise et Progrès a pour mission de réconcilier l’efficacité économique avec le progrès humain. Né dans le contexte des bouleversements sociaux des années 1960, ce groupe de réflexion affirme placer l’Humain au centre de la vision d’une entreprise durable et progressiste et prône une nouvelle conception des « parties prenantes », un concept chère à Klaus Schwhab, fondateur du Forum économique mondial et auteur du livre « Capitalisme des parties prenantes : une économie mondiale au service du progrès, des personnes et de la planète » sorti en 2021.
Le 25 octobre 1972, Antoine Riboud prononçait à Marseille un discours devant le CNPF, ancêtre du Medef, déclarant qu’une entreprise ne peut se limiter à la recherche du profit économique. Il défendait l’idée d’un « double projet » : l’un économique, visant l’efficacité, et l’autre humain, visant l’épanouissement des collaborateurs. Ce discours marquait un tournant dans la conception du rôle de l’entreprise au sein de la société, prônant des valeurs d’engagement social, d’amélioration des conditions de travail, et de partage des fruits de la croissance.
Un engagement renouvelé pour le XXIe siècle
Le 25 octobre 2022, soit 50 ans après ce discours historique, les membres d’Entreprise et Progrès réaffirmaient leur engagement à travers le « Manifeste du 25 octobre », s’engageant à mettre « définitivement l’Humain au cœur de l’entreprise ». Face aux crises contemporaines — réchauffement climatique, inégalités salariales, tensions sociales — le think tank appellait à une réinvention des pratiques managériales et économiques.
Trois axes pour une entreprise progressiste
Les membres d’Entreprise et Progrès, se considérant comme des activistes du « Bien Commun », défendent la création d’une Charte de la Personne au Travail, prenant en compte des dimensions clés telles que la santé, le bien-être, et l’évolution liée à l’âge des employés afin de valoriser l’individu au travail.
Ils estiment que les entreprises doivent revoir leur modèle de partage des richesses, en intégrant la participation des salariés à travers l’actionnariat salarié, l’intéressement, et la participation, afin de placer l’égalité au centre des préoccupations.
Les « activistes du Bien Commun », prône un équilibre entre les « parties prenantes ». Il s’agit, selon eux, de dépasser la simple hiérarchisation des intérêts entre actionnaires, clients et collaborateurs. Le dialogue entre les parties prenantes, y compris la prise en compte de la nature, est essentiel d’après eux, pour bâtir des entreprises à la fois performantes et responsables.
Vers une nouvelle ère du dialogue social
Entreprise et Progrès prône une ouverture et un dialogue entre dirigeants, salariés, et syndicats. Pour relever les défis économiques, environnementaux et sociaux actuels, l’association souligne l’importance d’une réconciliation sociale pour réinventer les collectifs en entreprise.
Une histoire marquée par des figures du monde économique
Depuis sa création, Entreprise et Progrès a été dirigé par des figures emblématiques du monde des affaires. François Dalle, premier président, a posé les bases d’une réflexion continue sur le rôle de l’entreprise dans la société. Des dirigeants comme Antoine Riboud ou Paul Dubrule, ancien président d’Accor, un autre groupe membre du Forum économique, ont laissé leur empreinte sur la manière dont le think tank a évolué. Plus récemment, ce sont Antoine Lemarchand, ancien président de Nature & Découvertes et Marion Darrieutort, fondatrice du cabinet de conseil en influence et en gouvernance, qui ont marqué le think tank de leur empreinte.
Le Forum économique mondial et les « parties prenantes »
La 50e édition du Forum économique mondial qui s’est déroulé à Davos en 2020 avait pour thème « Les parties prenantes pour un monde cohérent et durable ». Klaus Schwab a souligné la révolte des gens contre les élites économiques et les défis du changement climatique. Le « Manifeste de Davos » a été mis à jour pour souligner que les entreprises doivent valoriser toutes leurs parties prenantes. En 2021, Schwab sortait son livre « Capitalisme des parties prenantes : une économie mondiale au service du progrès, des personnes et de la planète ».