Pour la première fois, un eurodéputé d’extrême droite rédigera le rapport législatif fixant l’objectif climatique 2040 de l’Union européenne. Une nomination qui suscite l’inquiétude des écologistes, alors que le groupe Patriotes pour l’Europe multiplie ses offensives contre le Pacte vert.
C’est une première qui fait l’effet d’un séisme politique au sein du Parlement européen. Le rapport législatif sur l’objectif de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 sera porté par un eurodéputé issu du groupe Patriotes pour l’Europe, alliance d’extrême droite nouvellement formée après les élections de 2024.
Selon les informations publiées mardi 8 juillet par Euractiv et l’Agence France-Presse, cette décision découle de la répartition proportionnelle des rapports parlementaires entre les groupes, selon leur poids politique.Les Patriotes pour l’Europe constituent désormais la troisième force de l’hémicycle. Ils rassemblent notamment le Rassemblement national (RN) français dirigé par Jordan Bardella, le Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, ainsi que Vox en Espagne.
Ils obtiennent ainsi la responsabilité de ce texte stratégique, qui doit acter la position du Parlement sur la proposition de la Commission européenne visant une réduction de 90 % des émissions nettes d’ici à 2040, conformément aux engagements climatiques de l’Accord de Paris.
Cette nomination suscite une vive inquiétude parmi les eurodéputés écologistes et pro-européens. Marie Toussaint, députée Europe Écologie-Les Verts, a dénoncé « un sabotage organisé » dans un communiqué, ajoutant : « C’est l’histoire d’un incendie et on a confié l’extincteur aux pyromanes. ». Elle souligne que la majorité de ce groupe s’est opposée aux mesures environnementales phares du Pacte vert européen durant la dernière mandature, notamment sur la rénovation énergétique et la réduction des pesticides.
Jordan Bardella a multiplié ces derniers mois les critiques contre le Pacte vert, qu’il juge responsable d’une « concurrence déloyale » et d’une « asphyxie réglementaire » pour les agriculteurs et les industriels européens. Bien que le rapporteur ne puisse bloquer seul l’adoption finale du texte, il joue un rôle clé dans la définition de l’orientation et des amendements lors des négociations parlementaires.
Cette prise de contrôle intervient dans un contexte de fragilisation du projet écologique européen. Depuis les dernières élections, la droite traditionnelle (PPE) et l’extrême droite convergent sur plusieurs dossiers pour exiger des « pauses réglementaires » ou un assouplissement des normes environnementales jugées trop strictes.
Le rapporteur désigné devra ainsi jongler entre la ligne dure de son groupe et la recherche d’un consensus majoritaire au Parlement avant le trilogue avec le Conseil et la Commission.
Source : Euractiv, AFP, Reporterre.
