Le paysage politique espagnol a été bouleversé par l’émergence d’Alvise Perez, leader du nouveau parti La Fiesta se Acabó (La fête est finie). Ce jeune Sévillan, qui a mené campagne lors des dernières élections européennes exclusivement sur les réseaux sociaux, a réussi à remporter trois sièges au Parlement européen, une victoire inattendue pour celui qui se présente comme un outsider du système politique traditionnel.
Perez, avec ses 500 000 abonnés sur Telegram et près d’un million sur Instagram, a révolutionné la manière de faire campagne. En seulement deux semaines, il a parcouru les villes espagnoles en fourgonnette, organisant des meetings en pleine rue, armé seulement d’un mégaphone. Cette approche, combinée à sa présence massive en ligne, lui a permis de contourner les médias traditionnels qui l’ignoraient. « Que les médias refusent de s’intéresser à moi m’est égal, je n’ai pas besoin de visibilité. Je l’ai déjà largement », affirme-t-il dans les colonnes du JDD.
Des accusations virulentes
Le discours d’Alvise Perez est sans équivoque. Il dénonce une Espagne gangrenée par « des criminels, des corrompus, des mercenaires, des pédophiles et des violeurs ». Sa rhétorique populiste et ses attaques contre la classe politique, qu’il accuse de corruption généralisée, ont résonné auprès de nombreux électeurs, particulièrement parmi ceux qui s’abstenaient auparavant.
Un parcours atypique
Malgré son rejet affiché de la politique traditionnelle, Alvise Perez a une courte carrière politique derrière lui. Après avoir travaillé avec les Liberal Democrats au Royaume-Uni, il est rentré en Espagne pour rejoindre Ciudadanos, avant de se retirer, écœuré par la politique politicienne. Depuis le confinement, il s’est transformé en « analyste et influenceur » sur les réseaux sociaux, utilisant cette plateforme pour dénoncer la politique sanitaire du Premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Pedro Sanchez, d’autres figures politiques, mais aussi la famille royale espagnole habituée des réunions du groupe Bilderberg, un groupe informel qui réunit les grands de ce monde une fois par an et qui comptait dans son comité de pilotage, le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab.
L’influence du groupe Bilderberg dans la construction européenne
Le groupe Bilderberg qui visait à étendre le modèle néo libéral américain au monde entier était fréquenté par la plupart des pères fondateurs de l’Europe, selon la base de donnée établie par l’universitaire Allemand, Aleksander M . Zielinski, référençant les participants aux réunions du groupe, depuis leur création. Jean Monnet se serait rendu aux sessions de 1957 et 1959, le Belge, Paul-Henry Spaak, s’y est rendu en 1958, 59, 60, 63, enfin le Néerlandais Johan Willem Beyen en 1960 et 1957. On peut également citer des personnalités politiques Françaises comme Maurice Faure, qui a cosigné le traité de Rome en 1957 et qui s’est rendu aux réunions du groupe Bilderberg de 1954, 55 et 63. C’est également le cas de Guy Mollet, farouche atlantiste, qui se prononça en faveur de l’adhésion de la France à la Communauté européenne de défense (CED), projet abandonné en 54, avant de siéger à l’Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et de présider l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Il s’est rendu aux réunions du groupe Bilderberg en 1954, 55, 58 et 63.
Les « Écureuils » de Perez
Alvise Perez se targue de recevoir des informations confidentielles de divers informateurs, qu’il appelle ses « écureuils ». Ces révélations alimentent régulièrement les pages des scandales dans la presse espagnole. Il a notamment contribué à exposer des affaires telles que les malversations liées à la gestion de la crise sanitaire et le scandale Tito Berni, impliquant, Juan Bernardo Fuentes, un ancien député de Pedro Sanchez, qui aurait touché des pots-de-vin en échange de services à des entreprises.
Son programme
Interrogé par le JDD sur son programme politique, Perez reste énigmatique, expliquant refuser « que les médias s’en saisissent pour ensuite déformer (s)es propos ». Il se prononce cependant sur des sujets comme l’immigration, qu’il qualifie de massive et incontrôlée, et la réforme de l’Union Européenne, bien qu’il ne prône pas une sortie immédiate.
Un futur ambitieux
Alvise Perez ne compte pas s’arrêter là. Il envisage déjà les élections de 2027 pour entrer au Congrès des députés à Madrid, avec des promesses de réformes drastiques pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence et l’efficacité de l’État. Pour ses partisans, il représente un espoir de changement dans un système qu’ils jugent corrompu et inefficace. Reste à voir si ses méthodes et son discours populiste continueront à séduire les électeurs au-delà des réseaux sociaux.