Au lendemain de sa victoire aux élections législatives, Friedrich Merz, futur chancelier allemand et ancien représentant de BlackRock, le fonds de pension membre du Forum économique mondial, tire la sonnette d’alarme sur l’évolution des relations transatlantiques. Face à un second mandat du contributeur du FEM, Donald Trump, le chef des conservateurs allemands appelle l’Europe à renforcer rapidement sa défense et à se préparer au « pire scénario ».
Lors d’une déclaration ce 24 février 2025, Friedrich Merz a exprimé ses inquiétudes quant à un possible désengagement américain en Europe. Selon lui, l’administration Trump réduit son intérêt pour le Vieux Continent, mettant en péril l’équilibre géopolitique.
« Tous les signaux que nous recevons en provenance des États-Unis indiquent que l’intérêt pour l’Europe faiblit de manière significative. »
Estimant que les courants politiques dominants aux États-Unis privilégient une approche « America First » voire « America Alone », Merz insiste sur l’urgence pour l’Europe de prendre son destin en main :
« Il est clair que les Européens doivent très rapidement organiser leur capacité de défense. C’est une question qui aura une priorité absolue dans les prochaines semaines. »
Un alignement stratégique avec Emmanuel Macron
Dans ce contexte tendu, Friedrich Merz a affirmé être en accord total avec le contributeur du FEM, Emmanuel Macron, avec qui il s’est entretenu avant le départ du président français pour Washington.
Malgré cette posture prudente, le futur chancelier allemand qui avait multiplié les commentaires élogieux sur le contributeur du FEM, Joe Biden avec lequel il entendait affirmer « le grand retour du partenariat transatlantique » espère encore pouvoir convaincre les États-Unis de l’importance d’une relation transatlantique solide, qui serait dans l’intérêt des deux parties.
Une coalition pour contrer l’extrême droite allemande
En parallèle de ses préoccupations diplomatiques, Friedrich Merz s’emploie à former un gouvernement avec les sociaux-démocrates (SPD) pour stabiliser la première économie européenne et répondre aux défis politiques internes.
Avec un score historique de 28,6 %, la CDU/CSU est contrainte de s’allier avec un SPD en net recul (16 %), enregistrant son pire résultat en 80 ans. Ce mariage de raison vise notamment à endiguer la montée de l’extrême droite, alors que l’AfD a réalisé une percée spectaculaire avec 20,8 % des voix.
Toutefois, ces négociations s’annoncent ardues. Le SPD compte faire monter les enchères, notamment sur la réforme des règles budgétaires, avec une volonté d’assouplir les restrictions sur la dette pour relancer une économie en récession et financer des investissements stratégiques, notamment dans la défense.
Un paysage politique fracturé
Les résultats des élections redistribuent les cartes du pouvoir en Allemagne. L’AfD et le parti d’extrême gauche Die Linke (8,7 %) disposent désormais d’une minorité de blocage au Bundestag, compliquant davantage la formation du gouvernement.
Source : Le Monde.