Ami Ayalon, ancien chef des services secrets israéliens (Shin Bet) et opposant à la stratégie de Benyamin Netanyahou, s’exprime sur les tensions grandissantes entre Israël et l’Iran. Dans une récente interview accordée à L’Express, Ayalon a souligné que la riposte israélienne face aux attaques iraniennes nécessite une réflexion plus stratégique, et non seulement militaire, pour garantir la sécurité à long terme d’Israël.
L’Iran a récemment modifié sa stratégie militaire, passant de la gestion de « proxys » tels que le Hezbollah et le Hamas, à des actions plus directes. Pour Ayalon, cette nouvelle approche iranienne accroît les risques de conflit régional, avec de potentiels impacts mondiaux.
La supériorité d’Israël en matière de Renseignement
Pour l’ancien chef des services secrets israéliens, malgré le fiasco du 7 octobre, ses derniers ont démontré qu’ils étaient « capable d’atteindre n’importe quelle cible en Iran, au Liban, en Syrie ou en Irak ». Ayalon souligne qu’Israël est au courant de toutes les décisions des hauts dignitaires Iraniens, de « ce qu’ils mangent et qui ils rencontrent à chaque instant de la journée ».
Bien que l’armée israélienne soit bien préparée à cibler des figures clés en Iran et ailleurs, Ayalon s’inquiète toutefois des conséquences d’une guerre prolongée et de l’absence d’une vision politique claire.
La vision stratégique d’Ayalon
Ayalon critique sévèrement le gouvernement Netanyahou, l’accusant de ne pas avoir préparé « l’après-conflit » lors des décisions stratégiques. Selon lui, Israël est à la veille d’une guerre régionale, alors que la population israélienne est déjà convaincue que l’Iran représente une menace existentielle. Il appelle à l’intervention de la communauté internationale pour changer la perception des Israéliens et des Palestiniens, et éviter l’embrasement total du Moyen-Orient.
Un appel à la diplomatie
Pour l’ancien chef du Shin Bet, la solution ne viendra ni des dirigeants israéliens ni des Palestiniens, mais d’une initiative internationale. Il appelle à un changement de perspective, soulignant l’importance d’une diplomatie active. Ayalon cite l’exemple d’Anouar el-Sadate, qui avait bouleversé la dynamique de guerre entre Israël et l’Égypte en 1977 par un geste diplomatique historique.
La solution à deux États toujours possible
Ami Ayalon défend fermement l’idée d’une solution à deux États comme seul chemin vers la stabilité au Moyen-Orient. Selon lui, même si la situation actuelle rend cette option difficile, la communauté internationale doit faire pression pour encourager ce projet. « Les idées ne meurent jamais », conclut-il, exprimant l’espoir que la paix entre Israël et la Palestine soit encore possible.