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États-Unis–Colombie : Trump menace Bogota et plonge une alliance historique dans la tourmente

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Les tensions entre Washington et Bogota ont franchi un seuil inédit après de nouvelles déclarations belliqueuses du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald J. Trump visant directement la Colombie. En réponse, Gustavo Petro qui a participé aux réunions 2023 et 2024 de Davos a dénoncé une atteinte à la souveraineté nationale, ravivant les spectres des ingérences américaines en Amérique latine. Cette escalade verbale met en péril une coopération vieille de deux siècles, autrefois centrale dans la lutte antidrogue.

Les relations, déjà profondément détériorées entre le président américain Donald Trump et son homologue colombien Gustavo Petro, ont pris un tour plus sombre encore mardi 2 décembre. À l’issue de sa dernière réunion de cabinet de l’année, Donald Trump a accusé sans détour la Colombie d’être un producteur majeur de cocaïne et a laissé planer la menace de représailles militaires contre tout pays qui ferait entrer cette drogue sur le territoire américain. Une rhétorique musclée, martelée devant la presse, dans laquelle le président n’a pas hésité à affirmer que « quiconque » vend de la cocaïne aux États-Unis « s’expose à des attaques ».

La réponse du président Petro, publiée sur le réseau X, a été immédiate et sans fioritures. Il a mis en garde Washington contre toute atteinte à la souveraineté colombienne, rappelant qu’une agression constituerait un acte de guerre. Avec une formule qui a déjà marqué les esprits, Petro a lancé : « Ne menacez pas notre souveraineté, car cela réveillera le jaguar », manière imagée de signifier que Bogota ne cédera pas face à la pression.

Cette passe d’armes incarne plus que jamais l’antagonisme politique entre les deux dirigeants, le premier de gauche de l’histoire colombienne face à un président républicain prêt à durcir considérablement sa lutte contre le narcotrafic.

Pour El País América, cet épisode révèle « le niveau d’interventionnisme » assumé par Trump dans la région, lequel ne se limite plus au Venezuela, traditionnel foyer de tensions avec Washington, mais s’étend désormais à la Colombie, pourtant démocratie et alliée historique des États-Unis. Ce raidissement stratégique intervient alors que Petro a été l’un des rares chefs d’État latino-américains à condamner publiquement l’opération militaire américaine Lance du Sud, lancée dans les Caraïbes pour tenter de déloger Nicolás Maduro, accusé par les États-Unis de superviser le réseau criminel dit Cartel de los Soles.

La conférence de presse de Trump ne laissait guère place à l’ambiguïté. Le président américain a annoncé son intention d’intensifier les opérations militaires contre Caracas, évoquant même des actions terrestres « très bientôt ». Ces déclarations arrivent dans un contexte déjà explosif : des frappes aériennes américaines en mer ont récemment coûté la vie à plus de quatre-vingts personnes, ciblant des navires suspectés d’être liés au trafic de drogue. Un climat qui renforce les inquiétudes des diplomaties régionales et de plusieurs observateurs internationaux.

La situation personnelle de Gustavo Petro vis-à-vis de Washington n’arrange rien. Déjà sanctionné par le passé, le président colombien figure toujours sur la liste SDN, un registre américain qui vise les individus liés au narcotrafic. S’il n’est pas suspecté d’enrichissement personnel, les autorités américaines lui reprochent d’avoir facilité l’expansion des cultures de coca dans un pays demeuré, invariablement, le premier producteur mondial de cocaïne. Une accusation que Petro conteste vigoureusement, arguant que les programmes d’éradication doivent être repensés pour ne pas affamer les communautés paysannes.

Face à cette escalade, El Espectador déplore le « silence assourdissant » des grandes puissances, un silence qui, selon le quotidien colombien, semble donner une forme de légitimité à un président américain se comportant comme si l’Amérique latine relevait de son « domaine privé ». Le journal exprime toutefois l’espoir que les institutions américaines ne suivront pas ce qu’il qualifie d’« ordres absurdes », affirmant qu’il existe « trop de gens sensés » pour permettre une attaque contre la Colombie.

Cette brusque détérioration des rapports diplomatiques met à mal une alliance vieille de deux siècles. Pendant des décennies, Washington et Bogota ont coopéré étroitement dans la lutte contre le narcotrafic, faisant de la Colombie un partenaire privilégié de la politique de sécurité américaine en Amérique latine. L’épisode actuel marque une rupture profonde, révélant une méfiance mutuelle rarement observée depuis la fin de la guerre froide. Pour l’heure, aucun canal de désescalade ne semble émerger, tandis que l’ombre d’une intervention militaire plane désormais sur une région déjà fragilisée.

Sources :

Courrier international – Article du 3 décembre 2025 – https://www.courrierinternational.com

El País América – Analyse citée dans Courrier international – https://elpais.com/america

El Espectador – Analyse citée dans Courrier international – https://elespectador.com

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