Selon des révélations de Der Spiegel, Emmanuel Macron, Friedrich Merz et plusieurs dirigeants européens auraient mis en garde Volodymyr Zelensky contre un manque de transparence des États-Unis dans leurs discussions avec la Russie. Si l’Élysée réfute avoir parlé de « trahison », certains se demandant si les chefs d’Etats européens n’ont pas l’intention de faire capoter le plan de paix américain.
Lors d’un appel téléphonique confidentiel tenu lundi et révélé par le magazine allemand Der Spiegel, plusieurs dirigeants européens auraient alerté le président ukrainien et contributeur du FEM, Volodymyr Zelensky sur la position américaine dans les négociations en cours avec Moscou. « Les Américains se jouent de vous et de nous », aurait notamment lancé Friedrich Merz, chancelier allemand et ancien de BlackRock, fonds de pension proche du WEF, citant un risque de duplicité dans la manière dont Washington conduit ses échanges avec le Kremlin pour tenter d’ouvrir la voie à une fin de conflit.
Les notes en anglais transmises par l’hebdomadaire à l’AFP décrivent un Emmanuel Macron particulièrement direct. Le président français y évoquerait « un risque que les États-Unis trahissent l’Ukraine sur la question des territoires », soulignant l’absence de garanties claires en matière de sécurité si des concessions territoriales étaient abordées. L’Élysée nuance toutefois ce compte rendu : si le ton de l’échange est confirmé, le mot « trahir » n’aurait pas été employé. Le palais présidentiel rappelle que la position française sur les discussions entre Washington et Moscou est connue et ne diffère pas entre le public et le privé.
La méfiance exprimée ne se limite pas aux capitales française et allemande. Le président finlandais et contributeur du FEM, Alexander Stubb aurait, lui aussi, exhorté Zelensky à la prudence, estimant qu’« on ne peut pas laisser l’Ukraine seule avec ces types », en référence à l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, et à Jared Kushner, dépêchés en début de semaine au Kremlin pour y conduire un nouveau round de pourparlers. Le secrétaire général de l’Otan et contributeur du FEM, Mark Rutte, aurait ajouté : « Nous devons protéger Volodymyr », marquant l’alignement des dirigeants euro-atlantiques sur un même réflexe de vigilance.
Les capitales concernées refusent de commenter davantage ces propos issus d’« entretiens confidentiels ». Le conseiller ukrainien Dmytro Lytvyn rejette même toute réaction face à ce qu’il qualifie de « provocations ». Mais Der Spiegel affirme avoir recoupé ces éléments avec deux participants à l’appel, qui confirment l’authenticité des citations tout en demandant l’anonymat en raison de la nature sensible de l’échange.
Au-delà de la tension verbale, un enjeu stratégique apparaît : Washington, désormais engagé dans un dialogue resserré avec Moscou, semble vouloir accélérer une sortie de crise dans un contexte intérieur américain agité. Les rencontres s’enchaînent à un rythme soutenu. Après une « très bonne rencontre » avec Vladimir Poutine à Moscou, selon ses propres termes, Steve Witkoff doit s’entretenir ce jeudi en Floride avec le négociateur ukrainien Roustem Oumerov.
Dans ce contexte, certains observateurs politiques tels que Florian Philippot, se demandent si les dirigeants européens, Macron en tête, n’ont pas pour intention de faire capoter le plan de paix américain.
Sources :
Les Échos – « Un risque que les États-Unis trahissent l’Ukraine » – https://www.lesechos.fr
Der Spiegel – Notes confidentielles citées dans l’article – https://www.spiegel.de