Dans le cadre de la guerre en Ukraine, l’utilisation des drones prend une tournure de plus en plus controversée. La dernière innovation en date de l’armée ukrainienne est un drone « lance-flammes » qui projette des matériaux incendiaires sur les positions russes. Ce développement soulève des préoccupations non seulement sur le plan tactique, mais aussi sur le respect des normes internationales.
Une vidéo postée sur le réseau Telegram le 2 septembre, partagée par la 108e brigade de défense territoriale ukrainienne, puis relayée sur les réseaux sociaux, montre l’utilisation d’un drone ukrainien « lance-flammes » contre des positions russes situées dans une zone boisée de l’oblast de Zaporijia. Bien que ces images aient attiré l’attention, elles illustrent aussi une tactique brutale, où les soldats en dessous sont exposés à des blessures horribles, et où les munitions peuvent exploser sous l’effet de la chaleur intense.
Le terme « lance-flammes » n’est cependant pas tout à fait précis. Le drone utilise de la thermite, une substance chimique qui peut atteindre des températures extrêmes de 2 400 degrés Celsius, capable de fondre le métal. Cette tactique est utilisée pour déloger des troupes ennemies cachées dans la végétation, mais elle pose également des questions sur les limites de la guerre moderne.
Une arme destructive à bas coût, mais à quel prix ?
La thermite, connue pour ses capacités destructrices depuis la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui employée pour fabriquer des munitions variées par les forces ukrainiennes. Son utilisation peut sembler économique – une petite bombe de thermite coûte environ 10 dollars – mais son emploi sur le champ de bataille a des conséquences graves. La capacité de la thermite à brûler à travers l’acier et à infliger des blessures sévères en fait une arme controversée.
Alors que les deux camps, ukrainien et russe, utilisent des centaines de drones chaque jour pour la reconnaissance et les attaques, l’intensification de ces pratiques de guerre modernes soulève des préoccupations quant à l’escalade du conflit et au respect des droits humains.
Les limites du droit international et l’usage des armes incendiaires
L’utilisation de la thermite et d’autres armes incendiaires est régie par le Protocole III de la Convention de Genève, qui interdit les armes incendiaires larguées par voie aérienne dans des zones peuplées. Cependant, ce même protocole présente des lacunes, permettant l’usage de certaines munitions incendiaires dans des circonstances spécifiques. Les groupes de défense des droits humains, comme Human Rights Watch, soulignent que ces règles ne sont pas assez strictes pour protéger les civils dans des zones de conflit.
La Russie a été accusée à plusieurs reprises d’utiliser du phosphore blanc, une arme qui peut causer de graves brûlures, ainsi que des armes thermobariques et elle aurait aussi utilisé de la thermite, provoquant des destructions massives et des souffrances humaines considérables. Ces accusations montrent que, des deux côtés, le respect du droit de la guerre est loin d’être garanti, d’autant que l’utilisation massive par les Ukrainiens d’armes à sous-munition, offertes par les américains avait aussi défrayé la chronique.
L’introduction de drones « lance-flammes » par l’Ukraine est le dernier exemple en date des horreurs de la guerre. Alors que la guerre en Ukraine continue, l’utilisation de ces technologies innovantes mais controversées pourrait encore compliquer la recherche d’une solution pacifique et durable.