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Gouvernement avorté : les ministres nommés toucheront trois mois de salaire sans avoir exercé

Quelques heures seulement après l’annonce du nouveau gouvernement, la démission de Sébastien Lecornu met fin à un épisode inédit. Pourtant, les ministres éphémères — qui n’ont même pas eu le temps de prendre leurs fonctions — bénéficieront d’indemnités confortables, révélant un dispositif légal méconnu mais coûteux pour l’État.

C’est un gouvernement fantôme qui restera dans les annales de la Ve République. Nommés, mais jamais entrés en fonction, les dix-huit ministres du très éphémère gouvernement Lecornu n’auront pas eu le temps de franchir le seuil de leurs ministères. Quelques heures seulement après la publication de la liste au Journal officiel, le Premier ministre désigné, Sébastien Lecornu, a présenté sa démission, entraînant avec lui l’ensemble de son équipe.

L’affaire pourrait prêter à sourire si elle n’avait pas de réelles conséquences budgétaires. En vertu du décret du 25 mai 1950 fixant le régime des pensions et indemnités ministérielles, tout membre nommé au gouvernement, même pour quelques heures, a droit à trois mois de traitement après son départ. Ce salaire est calculé sur la base de l’indemnité brute mensuelle d’un ministre, environ 10 135 euros, et de 16 000 euros pour le Premier ministre. Résultat : chacun des dix-huit ministres percevra un total d’environ 30 000 euros, et le chef du gouvernement environ 48 000 euros.

Un avantage ancien, mais controversé

Ce dispositif n’a rien d’une anomalie juridique. Il a été conçu à l’origine pour assurer une stabilité financière minimale aux membres d’un gouvernement en cas de remaniement brutal, leur permettant de « se retourner » professionnellement après avoir quitté leur poste. À l’époque, les rémunérations publiques étaient modestes et la mesure visait à éviter que la politique ne soit réservée qu’aux plus fortunés.

Mais dans un contexte d’inflation et de défiance envers les élites, la nouvelle passe mal. Sur les réseaux sociaux comme dans l’opposition, les critiques fusent.

Des privilèges durables pour le Premier ministre

Au-delà de cette indemnité, le statut du Premier ministre offre des avantages beaucoup plus durables. Conformément à une tradition instaurée sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, tout ancien chef du gouvernement bénéficie d’un secrétariat, d’une voiture avec chauffeur et d’une protection policière pendant dix ans. Ce dispositif, déjà critiqué pour son coût, s’applique désormais à Sébastien Lecornu, bien qu’il n’ait exercé que quelques heures et qu’il avait promis de s’attaquer à ces privilèges.

Pour les contribuables, la facture s’annonce modeste à l’échelle du budget de l’État — environ 600 000 euros au total — mais lourde symboliquement.

Pour l’instant, seul Bruno Le Maire objet du courroux de Bruno Retailleau qui lui reprochait d’être associé à la faillite de la France a d’ores et déjà annoncé qu’il renonçait à ses indemnités.


Méta-description :

Les ministres du gouvernement Lecornu toucheront trois mois de salaire sans avoir exercé, un privilège légal mais contesté qui relance le débat sur les indemnités politiques.

Tags :

Sébastien Lecornu, gouvernement, indemnités ministérielles, politique française, transparence

Image :

Photo réaliste 16/9 : façade de l’Hôtel de Matignon au crépuscule, portes closes, lumière froide, un drapeau français légèrement en berne, ambiance solennelle et silencieuse, sans texte.

Sources :

  • [Journal Officiel de la République française] – Décret du 25 mai 1950 fixant le régime indemnitaire des membres du gouvernement
  • [France Info] – Gouvernement Lecornu : les ministres toucheront trois mois de salaire malgré la démission – 07/10/2025
  • [Le Monde] – Indemnités et avantages des anciens ministres et Premiers ministres – 2024
  • [Le Figaro] – Pourquoi les ex-ministres conservent une indemnité après leur départ – 2023

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