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Gérard Larcher. Image : Capture d'écran Public Sénat.

Gérard Larcher dénonce « une France incapable de se réformer » et refuse la suspension de la réforme des retraites

Le président du Sénat, Gérard Larcher, était l’invité du “Grand Jury” sur RTL et Public Sénat ce dimanche 19 octobre. Il a livré une analyse sévère de la situation politique et financière du pays, défendu la réforme des retraites et réaffirmé l’indépendance du Sénat face à l’exécutif.

Interrogé sur l’incarcération imminente de Nicolas Sarkozy, Gérard Larcher a exprimé sa tristesse et rappelé « le rôle joué par l’ancien chef de l’État dans la crise des subprimes ». Il a appelé à un débat parlementaire sur l’exécution provisoire des peines, estimant que « la justice doit être encadrée quand il n’y a ni risque de fuite, ni récidive ».

Une dégradation de la note de la France jugée “logique”

Après l’abaissement de la note française par Standard & Poor’s, le président du Sénat y voit une sanction du manque de réformes structurelles.

« C’est une sanction de notre incapacité à maîtriser la dépense publique. Même les réformes votées sont remises en cause. »
Il a particulièrement critiqué la suspension de la réforme des retraites, décidée par Sébastien Lecornu pour apaiser la situation politique :
« Suspendre cette réforme, c’est condamner les nouvelles générations à ne pas avoir de retraite. »

« Le Sénat ne votera pas la suspension des retraites »

Gérard Larcher a confirmé que la majorité sénatoriale (LR et centristes) restera ferme :

« Chaque année depuis cinq ans, nous avons voté pour la réforme des retraites. Revenir en arrière, ce serait un aveu d’impuissance. »
Il a par ailleurs appelé à une réforme « plus juste », prenant mieux en compte les carrières hachées, la pénibilité et la situation des femmes.

Un rappel à l’ordre pour Emmanuel Macron

Le président du Sénat a révélé avoir rappelé à l’ordre le chef de l’État après l’oubli des sénateurs lors d’une réunion à l’Élysée avec les chefs de partis :

« Le président a oublié un principe essentiel : le bicamérisme. Il y a deux chambres dans la République, et je ne transigerai pas là-dessus. »
Larcher a insisté sur le rôle de contre-pouvoir du Sénat, notamment dans l’examen du budget : « Nous voulons que la France ait un budget, mais pas n’importe lequel. »

« La France emprunte 393 milliards pour tenir »

Face à la situation budgétaire critique, Gérard Larcher a dévoilé des chiffres préoccupants :

« En 2026, la France devra emprunter 393 milliards d’euros pour fonctionner : 310 milliards pour le budget de l’État et 83 milliards pour la Sécurité sociale. »
Il plaide pour une réduction massive de la dépense publique plutôt qu’une hausse d’impôts :
« On ne crée pas de richesse avec des taxes. Si on ne crée pas de richesse, il n’y aura rien à distribuer. »

LR : “une période de vérité”

Interrogé sur les divisions au sein des Républicains, Larcher assume une ligne d’autorité et de patience :

« Je propose un sursis aux ministres LR au gouvernement : si le budget ne reflète pas nos valeurs, ils devront choisir entre leur poste et notre mouvement. »
Il renouvelle sa confiance à Bruno Retailleau et exclut toute alliance avec le Rassemblement national :
« Le RN n’est pas à droite. Son programme économique est plus proche de LFI que de nous. Je crois à une alliance du centre et de la droite, pas à l’union des extrêmes. »

Nouvelle-Calédonie et Corse : “la République doit rester une”

Sur le dossier calédonien, il a salué l’accord de Bougival et le travail de Gérald Darmanin, tout en appelant à une révision constitutionnelle “pour la paix civile”.
En revanche, sur la Corse, il a mis en garde contre un excès d’autonomie :

« Accepter la notion de communauté est contraire à notre Constitution. Le Parlement doit rester maître du jeu. »

Pas de démission anticipée pour Macron, mais un débat en 2027

Face aux appels d’Edouard Philippe ou Valérie Pécresse à une présidentielle anticipée, Gérard Larcher a exclu toute demande de démission du président :

« Ce n’est pas parce qu’on a 18 mois difficiles qu’il faut abîmer nos institutions. »
Mais il n’écarte pas un débat présidentiel anticipé après les municipales de 2026 :
« Il faudra une vraie année de débat, pas une campagne sans projet comme en 2022. »

“La France doit retrouver une voie d’espérance”

Clôturant l’émission, le président du Sénat a lancé un message d’unité :

« Ce qui tient encore la République, ce sont les 35 000 communes de France. Il faut redonner aux jeunes générations une voie d’espérance, et pour cela, nous devons avoir le courage de réformer. »

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