Donald Trump a proclamé lundi “un jour formidable pour le Moyen-Orient” en cosignant, avec plusieurs dirigeants arabes, une déclaration visant à consolider le cessez-le-feu à Gaza. Mais derrière les sourires et les poignées de main, l’absence de Benyamin Nétanyahou et les divergences régionales laissent poindre des tensions sur l’avenir du plan américain.
Sous les ors du centre de conférences de Charm El-Cheikh, Donald Trump s’est voulu triomphant. “Un jour formidable pour le Moyen-Orient”, a-t-il lancé, tout sourire, à son arrivée lundi 13 octobre, avec près de trois heures de retard. Le président américain coprésidait, aux côtés d’Abdel Fattah Al-Sissi, le sommet pour la paix à Gaza, censé marquer la deuxième phase de son ambitieux plan de paix.
Autour de lui, les dirigeants d’Égypte, du Qatar et de Turquie ont signé une déclaration commune destinée à consolider le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, après la libération des derniers otages vivants. L’objectif : garantir la stabilité et préparer la gouvernance post-guerre de la bande de Gaza.
Mais malgré l’enthousiasme de la mise en scène, les observateurs ont noté plusieurs signaux d’inquiétude. “Les premières fissures dans la deuxième phase du plan de paix de Trump sont apparues”, écrit le Wall Street Journal, soulignant notamment l’absence remarquée du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Le grand absent
Le dirigeant israélien, invité par Trump lui-même, a décliné l’invitation, invoquant la fête juive de Sim’hat Torah. D’après plusieurs sources diplomatiques citées par le WSJ, plusieurs États arabes auraient également exprimé leur réticence à sa présence. Une absence qui a plané sur le sommet, d’autant que l’État hébreu continue de s’opposer à toute participation de l’Autorité palestinienne à la gouvernance de Gaza.
Or, selon les termes du plan Trump, l’Autorité palestinienne doit précisément reprendre la main sur l’administration civile de l’enclave, une fois son programme de réformes achevé. Pour L’Orient-Le Jour, cette inflexion marque une évolution majeure : “Alors qu’Israël rejetait toute implication de Ramallah, l’Autorité palestinienne a trouvé une place dans le plan Trump.”
Rapprochement symbolique et scepticisme
“L’un des échanges publics les plus remarqués fut la poignée de main entre Donald Trump et Mahmoud Abbas”, note le New York Times. Leur langage corporel “laissait entrevoir un rapprochement”, alors que les relations entre les deux hommes ont longtemps été tendues.
Emmanuel Macron, présent au sommet, a salué “un très bon signal” et “la reconnaissance du rôle légitime de l’Autorité palestinienne”. Le président français, qui a reconnu la Palestine à l’ONU le 22 septembre dernier, a plaidé pour “que les Palestiniens soient au cœur de la gouvernance de Gaza”.
Pourtant, derrière les déclarations d’unité, “de nombreux écueils et questions subsistent”, souligne le New York Times. Qui administrera Gaza ? Comment désarmer le Hamas ? Quels garants assureront la mise en œuvre des réformes ?
Une paix encore fragile
“Au-delà des photos et des remerciements, on ne sait pas grand-chose des mécanismes concrets pour préserver la paix”, observe Le Temps. La fragile trêve tient davantage à un équilibre diplomatique temporaire qu’à un accord politique solide.
Le président américain, qui se pose désormais en peacemaker, joue une grande part de son prestige sur la réussite du plan. Un retour de la guerre à Gaza serait perçu comme un désaveu personnel et un échec de sa diplomatie spectaculaire.
Mais, comme le résume Ha’Aretz, “instaurer une harmonie régionale jusqu’ici insaisissable” reste un objectif lointain. Derrière les images de réconciliation, le Moyen-Orient n’a pas encore trouvé la paix durable que promet le président américain.
Sources :
- Courrier international – 14 octobre 2025 – courrierinternational.com
- The New York Times – “Trump’s Middle East Summit Opens With Symbolic Gestures and Lingering Questions” – 13 octobre 2025 – nytimes.com
- The Wall Street Journal – “Cracks Emerge in Trump’s Gaza Peace Plan” – 13 octobre 2025 – wsj.com
- L’Orient-Le Jour – “Gaza : l’Autorité palestinienne retrouve une place dans le plan Trump” – 13 octobre 2025 – lorientlejour.com
- Le Temps – “Sous le vernis du sommet de Gaza, les questions demeurent” – 13 octobre 2025 – letemps.ch