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Syrie : la France rapatrie trois femmes et dix enfants détenus dans des camps djihadistes, une première depuis 2023

Trois femmes et dix enfants français retenus dans le nord-est de la Syrie ont été rapatriéses ce mardi 16 septembre. C’est la première opération du genre depuis plus d’un an, alors que plus d’une centaine d’enfants français restent encore détenus dans les camps kurdes, dans des conditions dénoncées par les ONG et les familles.

La France a organisé dans la nuit du 15 au 16 septembre un rapatriement rare et sensible. Trois femmes, âgées de 18 à 34 ans, et dix enfants qui étaient détenus dans les camps de prisonniers djihadistes du nord-est de la Syrie ont atterri sur le territoire national mardi matin, a annoncé le Parquet national antiterroriste (PNAT). Deux des femmes ont été placées en garde à vue sur commission rogatoire, tandis qu’une troisième, visée par un mandat d’arrêt, doit être présentée à un juge d’instruction en vue d’une possible mise en examen. Les mineurs, quant à eux, ont été confiés à l’aide sociale à l’enfance sous l’autorité du parquet de Versailles.

Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères a salué la coopération des autorités locales syriennes de transition et de l’administration kurde, qui ont rendu possible cette opération. Ce rapatriement constitue une première depuis juillet 2023, date à laquelle la France avait interrompu ces retours, malgré les injonctions internationales et notamment une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme en 2022.

Depuis 2019, Paris a procédé à plusieurs vagues de rapatriements, mais toujours au compte-gouttes, en invoquant la dangerosité des missions et l’absence de volontaires parmi les mères concernées. En juin 2025, selon le Collectif des familles unies, environ 120 enfants et 50 femmes de nationalité française se trouvaient encore dans les camps syriens, principalement celui de Roj, tenu par les forces kurdes. Ces camps abritent des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec l’organisation État islamique, parmi lesquelles des ressortissants d’une cinquantaine de nationalités.

Pour les familles, ce retour partiel est une victoire fragile. « C’est un immense soulagement », a déclaré l’avocate Marie Dosé, qui défend plusieurs familles, mais elle dénonce dans le même temps « l’arbitraire » de l’État français, accusé de laisser derrière lui 110 enfants « coupables de rien » et vivant dans « des conditions indignes ». Elle rappelle également le sort des femmes sans enfant, des jeunes majeurs ou des enfants nés en France mais conduits de force en Syrie, que la France refuse pour l’instant de rapatrier.

Pour Matthieu Bagard, spécialiste de la Syrie au sein d’Avocats sans frontières France, cette opération prouve que Paris dispose des moyens logistiques pour organiser de tels retours. Mais elle met en lumière les zones d’ombre qui demeurent : « La France choisit qui elle rapatrie et laisse illégalement détenus d’autres ressortissants. »

Alors que l’administration kurde a annoncé son intention, en coordination avec l’ONU, de vider d’ici fin 2025 les camps de déplacés syriens et irakiens, la question du sort des familles étrangères liées à Daech reste entière. Pour la France, le dilemme est d’autant plus aigu qu’il touche à la sécurité intérieure, aux droits fondamentaux des enfants et aux équilibres politiques européens.

Sources :
Le Monde – Syrie : trois femmes et dix enfants détenus dans des camps de prisonniers djihadistes rapatriés en France, une première depuis 2013 – 16 septembre 2025 – 

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