L’économiste messin Pierre Bertinotti a été désigné Grand Maître du Grand Orient de France, première obédience maçonnique française. À 72 ans, il promet un mandat centré sur la laïcité, la tolérance et une meilleure compréhension du rôle de la franc-maçonnerie dans la société.

C’est une figure familière de l’administration et du monde académique qui vient d’accéder à la tête de la plus grande obédience maçonnique française. Pierre Bertinotti, originaire de Metz, a été élu jeudi 21 août, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF), au premier tour avec 27 voix sur 37. Il succède ainsi à Nicolas Penin pour un mandat d’un an, dans une période où la franc-maçonnerie affiche l’intention de clarifier son rôle et son image dans un paysage sociétal fragmenté.

Âgé de 72 ans, Pierre Bertinotti est diplômé de Sciences Po, d’HEC Paris et de l’École nationale supérieure des postes et télécommunications. Haut fonctionnaire reconnu, il a notamment été conseiller technique de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances, avant de devenir contrôleur général économique et financier jusqu’en 2018. Il enseigne aujourd’hui l’économie à CentraleSupélec depuis 2009, ainsi qu’à l’Université de Lorraine depuis 2016, et dirige également THEETETE CONCEPT, une société spécialisée dans le conseil de gestion et les activités des sièges sociaux.

Franc-maçon depuis 2003, initié à la loge Saint-Jean au Temple de la Paix à Metz, Bertinotti a progressivement gravi les échelons internes de l’obédience. Il a successivement été Vénérable Maître, Orateur et Couvreur, avant de rejoindre l’organisation nationale en 2019. Ce parcours initiatique et institutionnel témoigne d’une fidélité soutenue à la tradition maçonnique, mais aussi d’une volonté d’ouverture qu’il entend incarner à travers son mandat.

Politiquement, Pierre Bertinotti s’est engagé localement aux côtés de la gauche. Il a été conseiller municipal PS de Metz de 2001 à 2008, ainsi que conseiller communautaire à Metz Métropole. Candidat malheureux à la tête de liste pour les municipales de 2007, devancé de seulement six voix par Dominique Gros, il reste une personnalité ancrée localement, attachée à la Moselle et à son rôle transfrontalier au sein de l’Europe.

Ces expériences, résonnent dans son discours d’investiture où il a affirmé sa volonté de « renforcer la visibilité du Grand Orient dans les régions, y compris transfrontalières », en référence explicite à la Moselle et à sa position au cœur de l’Europe.

Dans son discours Pierre Bertinotti a souligné les priorités de son mandat : « refonder le pacte social », face aux fractures démocratiques, sociales et environnementales, mais aussi aux bouleversements provoqués par l’intelligence artificielle. Selon lui, « la société est fragmentée par les inégalités sociales et les tensions politiques, exacerbées par les réseaux sociaux ». 

Il entend faire de La Défense de la République et de la laïcité, grands principes maçonniques, « le fil rouge de mon mandat ».

Soucieux de combattre les fantasmes tenaces autour de la franc-maçonnerie, il met en avant des engagements concrets : implication citoyenne, bénévolat, et rayonnement régional. « Ce sera le fil rouge de mon mandat », affirme-t-il. Une stratégie assumée pour reconnecter l’obédience à la société civile, dans un contexte où la franc-maçonnerie, souvent perçue comme opaque, revendique pourtant un héritage humaniste et progressiste.

Avec plus de 55 000 membres et environ 1 400 loges, le Grand Orient de France demeure la principale obédience maçonnique du pays. Classée à gauche dans le paysage maçonnique, elle s’est ouverte aux femmes depuis 2010, qui représentent aujourd’hui près de 13 % de ses effectifs. Pierre Bertinotti aura la charge de guider cette institution tricentenaire vers une visibilité renouvelée et une influence apaisée.

Sources :
Le Républicain Lorrain – 23 août 2025 – Lien vers l’article
Le Parisien – 22 août 2025 – Lien vers l’article
450.fm – consulté en août 2025 – Lien vers l’article