La gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, qui avait suscité la polémique en avouant dans son autobiographie avoir abattu son chien qu’elle jugeait « indomptable » a été choisie par le président élu Donald Trump pour prendre la tête du département de la Sécurité intérieure (DHS). Elle a témoigné ce vendredi 17 janvier 2025 devant le Comité sénatorial de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales (HSGAC) dans le cadre de son audience de confirmation. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne s’est pas montrée tendre avec l’administration Biden.
L’audience, initialement prévue pour mercredi, a été reportée en raison de problèmes administratifs, selon un assistant du HSGAC, mais la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, a été officiellement confirmée ce vendredi en tant que secrétaire du Département de la Sécurité Intérieure (DHS) sous la présidence de Donald Trump. Lors de son audience de confirmation devant le Sénat, elle a exposé sa vision d’une politique de sécurité plus stricte, insistant sur la nécessité de renforcer la frontière sud, d’améliorer la cybersécurité et de réformer la lutte contre le terrorisme.
Une critique sévère de la gestion Biden
Dès le début de son intervention, Kristi Noem a vivement critiqué l’administration précédente, dénonçant une approche laxiste en matière de sécurité intérieure. Selon elle, le DHS a été mal géré sous l’ère Biden, avec un budget de 110 milliards de dollars par an, mais sans stratégie claire pour protéger le territoire.
« Une agence qui commande plus de 110 milliards de dollars annuellement ne peut pas s’occuper de ses propres activités. Ce n’est pas seulement une incompétence bureaucratique, mais un problème plus profond. »
Elle a également pointé du doigt l’usage présumé des ressources du DHS pour surveiller les citoyens américains respectueux des lois, plutôt que de se concentrer sur les véritables menaces, notamment les cyberattaques chinoises, le terrorisme et l’immigration illégale.
Un DHS détourné de sa mission première
Noem a poursuivi en affirmant que l’agence fédérale avait perdu de vue ses priorités fondamentales et s’était transformée en un organe davantage préoccupé par le contrôle politique et la censure que par la sécurité nationale.
« Au lieu de se concentrer sur des menaces critiques comme la frontière sud-ouest, la DHS a changé de point de vue en ciblant les Américains respectueux des lois. Elle est devenue une agence plus concentrée sur la surveillance politique et le contrôle du discours. »
Elle a également dénoncé un usage excessif des moyens du département pour contrôler les réseaux sociaux et influencer les débats publics, notamment via des initiatives de lutte contre la désinformation qui, selon elle, auraient été exploitées à des fins partisanes.
« Chaque dollar dépensé pour surveiller des citoyens respectueux des lois est un dollar qui n’est pas utilisé pour sécuriser notre territoire. Chaque minute consacrée à traquer des opposants politiques est une minute qui n’est pas consacrée à lutter contre les véritables menaces : la sécurité des frontières, les cyberattaques ou l’influence croissante de nos adversaires. »
Un DHS inefficace face aux crises sanitaires et aux cyberattaques
Dans son plaidoyer pour une réforme profonde du DHS, Kristi Noem a également critiqué la gestion de la pandémie par l’agence, accusant l’administration précédente d’avoir failli à son devoir d’enquêter sur les origines du COVID-19 et sur la recherche sur le gain de fonction.
« Nous avons vu de nos propres yeux comment un gouvernement sans contrôle mène au gaspillage, à la fraude et aux abus. Nous ne pouvons pas laisser le DHS devenir une agence opérant dans l’ombre. Les Américains méritent transparence et responsabilité. »
En parallèle, elle a souligné la menace grandissante des attaques cybernétiques menées par des États comme la Chine et la Russie, dénonçant une administration incapable de prévenir ces intrusions malgré des avertissements répétés des agences de renseignement.
« Nous avons récemment assisté à une cyberattaque massive contre le département du Trésor, orchestrée par des hackers chinois exploitant des vulnérabilités dans les systèmes de télétravail du gouvernement. Ce type de menace nécessite une réponse rapide et coordonnée, ce qui a cruellement manqué sous l’administration précédente. »
FEMA et la réponse aux catastrophes naturelles
Kristi Noem a également abordé les lacunes de l’Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA), dénonçant son incapacité à répondre efficacement aux catastrophes naturelles. Elle a cité en exemple la mauvaise gestion des secours en Caroline du Nord, où de nombreuses familles et communautés ont été laissées sans aide après une catastrophe naturelle.
« Certains agents de FEMA ont la possibilité de ne pas répondre aux urgences, ce qui pourrait expliquer les résultats horrifiques que nous avons vus en Caroline du Nord. Nous devons nous assurer que toutes les agences de sécurité intérieure remplissent leur mission essentielle. »
Noem a insisté sur la nécessité de moderniser les systèmes informatiques et la communication entre les agences, soulignant que le système actuel est obsolète et incapable de détecter et de prévenir les cyberattaques d’espionnage.
« Nos agences de renseignement et de cybersécurité sont cloisonnées et ne travaillent pas ensemble. Ce manque de coordination rend notre pays vulnérable aux cyberattaques. »
Un leadership contesté sur la frontière
Une autre controverse majeure lors de son audition a concerné le partage des responsabilités sur la gestion de la frontière entre Kristi Noem et Tom Homan, ancien directeur de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement), récemment nommé conseiller spécial de Trump sur la sécurité frontalière.
Lorsqu’on lui a demandé qui serait réellement en charge de la frontière, Noem a répondu :
« Le président sera en charge de la frontière. C’est une question de sécurité nationale. Le président a promis à l’Amérique que nous sécuriserons nos frontières et nous mettrons en œuvre son agenda. »
Cependant, cette réponse a suscité des interrogations, car Trump avait déclaré publiquement que Tom Homan serait responsable de la sécurité des frontières, ce qui a conduit certains sénateurs à remettre en question l’autorité réelle de Noem au DHS.
« Tom Homan a une ligne directe avec le président. Il est son conseiller spécial sur la frontière. Moi, si je suis confirmée, je serai la secrétaire du DHS et j’aurai autorité sur les décisions et les actions prises au sein du département. »
Un cap sécuritaire renforcé
Malgré les controverses, Noem s’est engagée à :
- Sécuriser la frontière sud en rétablissant la politique de « Remain in Mexico » et en démantelant le programme CBP One.
- Renforcer la cybersécurité en imposant des normes plus strictes aux agences fédérales et en coopérant avec les entreprises privées.
- Mettre fin à la surveillance politique et rétablir la confiance des citoyens dans leur gouvernement.
- Rationaliser le budget du DHS pour éliminer les dépenses inutiles et maximiser l’efficacité opérationnelle.
« Être sûrs dans nos frontières ici en Amérique est crucial. Pourtant, les Américains se sentent moins sûrs qu’ils ne l’ont ressenti depuis des décennies. Avec l’administration Trump, nous allons restaurer cette confiance. »
Alors que sa confirmation est actée, Kristi Noem se prépare à relever l’un des défis les plus complexes de l’administration Trump : redonner au DHS sa véritable mission et convaincre l’opinion publique de sa capacité à garantir la sécurité nationale.