Ancien officier du KGB installé en France, Sergueï Jirnov se distingue comme l’un des rares espions russes à parler librement de son passé. Sur LCI, il est revenu sur ce privilège exceptionnel de pouvoir témoigner à visage découvert, dans un milieu fondamentalement voué à l’ombre.
Dans le monde feutré du renseignement, les mots sont rares, les visages plus encore. Mais Sergueï Jirnov, ancien officier du KGB, auteur de « L’ombre des légendes » nouveau livre consacré à l’actualité liée à l’espionnage fait exception. Depuis plusieurs années, il partage publiquement son expérience au sein des services secrets soviétiques, une démarche quasi inédite dans cet univers où le silence est règle d’or. « En France, je suis le seul du KGB à parler librement de l’intérieur », affirme-t-il. À l’échelle mondiale, ils ne seraient que cinq anciens du célèbre service à pouvoir s’exprimer sans entraves.
Cette prise de parole tranche avec la culture du secret propre aux espions, qu’ils soient russes, français ou américains. « La parole n’est jamais libre pour les espions. C’est exceptionnel. Un espion, c’est quelqu’un qui reste invisible », a indiqué Sergueï Jirnov éclaire ainsi un pan méconnu de la machine de renseignement soviétique, puis russe, qu’il connaît de l’intérieur. Ayant prêté serment à une structure aujourd’hui dissoute, il peut s’exprimer sans enfreindre de devoir de réserve ou de sécurité nationale.
Son intervention fait écho à la rare interview accordée récemment par le directeur de la DGSE, Nicolas Lerner, accordée à Darius Rochebin, un événement que Jirnov qualifie d’exceptionnel. Car dans les services de renseignement, la parole publique reste un tabou tenace, une transgression pour ceux dont la mission exige la discrétion absolue.
Source : LCI