Un an après les inondations meurtrières de 2024 ayant fait 229 morts dans la région de Valence, le président régional Carlos Mazon a annoncé sa démission. Accusé de négligence et conspué lors de la cérémonie d’hommage aux victimes, le dirigeant conservateur quitte son poste après des mois de controverses sur sa gestion de la catastrophe.
La pression était devenue insoutenable. Lundi 3 novembre, Carlos Mazon, président de la région de Valence, a annoncé sa démission, un an jour pour jour après les inondations dévastatrices qui ont endeuillé l’est de l’Espagne. Ces crues, parmi les plus meurtrières de l’histoire du pays, avaient fait 229 victimes et laissé des milliers de sinistrés dans le désarroi. Depuis, Mazon, issu du Parti Populaire (PP), faisait face à une contestation populaire sans précédent.
« Je n’en peux plus », a lâché l’élu, visiblement éprouvé, au cours d’une conférence de presse d’une vingtaine de minutes. Tout en reconnaissant des « erreurs », il a dénoncé une « chasse politique » orchestrée selon lui par le gouvernement central de Pedro Sánchez, accusé de vouloir « dissimuler ses propres responsabilités ». « Le bruit autour de moi est l’excuse parfaite pour cacher les retards et les informations erronées du gouvernement », a-t-il insisté.
La colère des habitants n’a cessé de croître depuis la tragédie d’octobre 2024. Le ressentiment a atteint son paroxysme mercredi dernier, lors de la cérémonie d’hommage national aux victimes. Malgré les appels des familles à ne pas s’y rendre, M. Mazon a tenu à assister à la commémoration. Il y a été accueilli par des huées et des insultes — « assassin », « lâche », « en prison » — qui témoignent de l’ampleur de la fracture entre le pouvoir régional et la population.
Au cœur de la controverse figure la mauvaise gestion de la catastrophe : l’alerte rouge de l’agence météorologique avait été émise dès le matin du 29 octobre 2024, mais le message d’alerte à la population n’avait été envoyé qu’à 20 h 11, alors que les pluies diluviennes avaient déjà provoqué des dizaines de morts. Les victimes reprochent à Mazon de ne pas avoir pris la décision cruciale d’activer le plan d’urgence à temps.
Les révélations sur les activités du président ce jour-là ont accentué le scandale. Selon plusieurs médias espagnols, Mazon aurait passé près de quatre heures à déjeuner dans un restaurant, de 14 h 45 à 18 h 45, avec une journaliste à qui il proposait un poste. Cette dernière, Maribel Vilaplana, a confirmé devant la justice avoir été raccompagnée par l’élu « jusqu’à sa voiture », loin du siège du gouvernement régional. Ces déclarations ont aggravé la suspicion d’un manquement grave au devoir de vigilance, au moment même où la région sombrait dans le chaos.
Depuis le drame, des manifestations mensuelles rassemblant des milliers d’habitants réclamaient sa démission. En vertu de son statut, Mazon bénéficiait jusqu’ici d’une immunité qui lui évitait d’être entendu par la justice, contrairement à son ancienne conseillère aux situations d’urgence, mise en examen depuis le printemps. Sa démission pourrait désormais lever cet obstacle judiciaire.
En quittant ses fonctions, Carlos Mazon tente de clore un chapitre politique, mais l’onde de choc judiciaire et morale de cette tragédie, elle, reste entière. La région de Valence, meurtrie et méfiante, attend désormais qu’un nouveau leadership émerge pour tourner la page d’une gestion jugée catastrophique.
Sources :
Le Monde – « Inondations à Valence : un an après, le président de la région, Carlos Mazon, annonce sa démission » (3 novembre 2025) – https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/11/03/espagne-un-an-apres-les-inondations-meurtrieres-a-valence-le-president-de-la-region-carlos-mazon-annonce-sa-demission_6651308_3244.html
AFP – Dépêche sur la démission de Carlos Mazon, 3 novembre 2025.