À l’occasion d’un déplacement à Rome le mardi 3 juin, Emmanuel Macron a tenté d’apaiser les tensions persistantes avec la présidente du conseil italien Giorgia Meloni qui avait également adressé des signaux positifs avant cette rencontre. Une rencontre stratégique qui s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu, sur fond de divergences autour de la guerre en Ukraine et de rivalités transatlantiques.
Dans le décor solennel du palais Chigi, un long tête-à-tête suivi d’un dîner a permis aux deux dirigeants de publier une déclaration commune évoquant des « profondes convergences » et une volonté de « coordonner leurs efforts » face aux grands défis internationaux. Un message d’unité, malgré des désaccords non résolus sur le soutien militaire à Kiev.
Un passif franco-italien chargé
Depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir en octobre 2022, les relations entre Rome et Paris sont marquées par une méfiance apparente croissante. Issue d’un parti postfasciste, la cheffe du gouvernement italien cultive une posture de prudence face aux initiatives françaises, notamment sur l’Ukraine. L’absence remarquée de Meloni lors du voyage de Macron à Kiev en mai dernier a accentué les tensions, tout comme les réserves italiennes sur l’idée d’envoyer des soldats européens en soutien à l’Ukraine.
À cela s’ajoutent de vieux différends : crise des migrants en 2022, propos polémiques de Gérald Darmanin, et plus récemment, des accusations françaises de désinformation venant de Rome. Dans les deux pays, les oppositions politiques instrumentalisent régulièrement les désaccords bilatéraux, nourrissant une défiance enracinée.
Méloni avait déjà montré des signes d’apaisement
La première ministre italienne avait déjà déclaré depuis une visite officielle au Kazakhstan qui intervenait juste avant sa rencontre avec le président Français que «L’Italie et la France sont deux nations amies, deux nations alliées, deux nations qui ont des positions totalement convergentes sur de très nombreux dossiers».
Un enjeu stratégique à l’approche des sommets internationaux
Au-delà des rancunes passées, cette nouvelle rencontre vise à préparer une séquence diplomatique cruciale : G7 au Canada, sommet de l’OTAN à La Haye et Conseil européen fin juin. Paris et Rome souhaitent y afficher une ligne commune sur la guerre en Ukraine, la compétitivité économique et les sanctions contre Moscou.
Malgré des visions géopolitiques parfois divergentes — l’Italie soupçonnant un impérialisme économique français — les deux gouvernements partagent, selon l’ambassadeur de France à Rome, Martin Briens, « 85 % de leurs intérêts » à l’échelle européenne. C’est sur cette base que Macron espère relancer des coopérations dans les domaines de l’énergie, de l’automobile ou de la gestion migratoire.
Les gestes d’apaisement opérés par Emmanuel Macron et Meloni à Rome sont un signal politique fort et un message adressé à leurs partenaires économiques et stratégiques.