Versailles, 25 février 1745, ce soir-là, le château de Versailles brille de mille feux. À l’occasion du mariage du Dauphin Louis de France avec l’Infante d’Espagne, Louis XV organise un bal masqué d’une ampleur inédite : le Bal des Ifs. Un événement fastueux qui, au-delà de son éclat, marque un tournant dans l’histoire de la monarchie française.
Le roi, grand amateur de divertissements, impose à ses invités un dress code extravagant : chacun doit se présenter masqué et déguisé. Les costumes rivalisent d’originalité, entre tenues d’Arlequin, habits orientaux et excentricités rocambolesques. Mais l’attention de tous se porte sur huit mystérieux personnages déguisés en ifs, ces arbres taillés en topiaires emblématiques des jardins de Versailles. Parmi eux, Louis XV lui-même, dissimulé dans ce surprenant costume végétal.
Dans les salons d’Hercule, de Mars et de Mercure, où se mêlent nobles et courtisans, l’ambiance est effervescente. Trois orchestres jouent sans interruption jusqu’à l’aube, tandis que les convives se pressent entre jeux d’argent, festins opulents et discussions secrètes.
Une rencontre qui change l’histoire
Parmi les nombreux invités de cette nuit d’exception, une jeune femme attire particulièrement l’attention. Son nom ? Jeanne-Antoinette Poisson, épouse d’Etiol, future marquise de Pompadour. Issue de la bourgeoisie, elle pénètre pour la première fois à la cour de Versailles, déterminée à s’y faire remarquer.
Lors du bal, Louis XV, fasciné par cette jeune femme audacieuse, engage une conversation prolongée avec elle. Trois jours plus tard, il la retrouve à un autre bal à l’Hôtel de Ville de Paris. Le roi vient de choisir sa nouvelle favorite. En septembre 1745, il officialise leur relation en lui offrant le domaine de Pompadour et en l’installant dans un appartement attenant au sien à Versailles.
Le bal des Ifs : un symbole du faste versaillais
Le Bal des Ifs reste l’un des plus grands événements festifs du règne de Louis XV. Avec 1 200 à 1 500 invités, un décor somptueux et une profusion de mets raffinés malgré la période de Carême, il incarne l’extravagance de la cour de France. Mais il est aussi le point de départ d’une influence décisive : celle de Madame de Pompadour, qui deviendra bien plus qu’une simple favorite du roi.
Entre diplomatie, mécénat artistique et politique, la marquise de Pompadour jouera un rôle clé dans le royaume jusqu’à sa mort en 1764. Et tout a commencé lors de cette nuit magique de février 1745, sous les dorures de Versailles.