You are currently viewing Gare de Canfranc : La découverte d’un trésor nazi oublié depuis 1942
Image : Dall E X X-Pression média.

Gare de Canfranc : La découverte d’un trésor nazi oublié depuis 1942

En mars 2000, un chauffeur de bus fait une découverte extraordinaire à la gare de Canfranc, dans les Pyrénées espagnoles. En tombant sur des documents abandonnés, il met au jour un épisode méconnu de l’Histoire : le transit d’or nazi via la Suisse vers l’Espagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Un récit captivant qui a déclenché une enquête historique majeure.

Canfranc : une gare stratégique devenue un carrefour clandestin

La gare de Canfranc, inaugurée en 1928, devait incarner le dynamisme ferroviaire entre la France et l’Espagne. Mais son rôle a radicalement changé durant la Seconde Guerre mondiale. Rouverte en 1940 après la guerre civile espagnole, elle est devenue un centre névralgique du trafic clandestin entre l’Espagne franquiste et l’Allemagne nazie. Fermée en 1970, elle tombe progressivement dans l’oubli jusqu’à la découverte de Jonathan Diaz en 2000.

Un chauffeur de bus face à une découverte historique

Jonathan Diaz, chauffeur de bus à Oloron-Sainte-Marie, ne s’attendait pas à faire une telle trouvaille ce jour pluvieux de mars 2000. S’abritant sur un quai de la gare abandonnée, il aperçoit un tas de papiers éparpillés. En y jetant un coup d’œil, des mots saisissants lui sautent aux yeux : « lingots d’or, convois, 1942-1943, Allemagne, juifs, nazis ». Intrigué, il récupère plusieurs feuillets et découvre qu’ils relatent le transit d’or volé par les nazis aux juifs et aux banques européennes, acheminé via la gare de Canfranc vers l’Espagne et le Portugal.

Une enquête personnelle et des révélations choquantes

Dans les jours qui suivent, Jonathan Diaz retourne sur place pour collecter l’intégralité des documents et les analyser. Pendant un an, il réassemble patiemment les pièces du puzzle historique. Les rapports internes récupérés attestent du transit de 86 tonnes d’or nazi par Canfranc entre 1942 et 1943, en provenance de Suisse. Cet échange clandestin aurait été rendu possible par un accord secret entre la Suisse et l’Espagne, fournissant à l’Allemagne du tungstène et du fer en échange du métal précieux.

Mais l’or n’était pas la seule marchandise à transiter par Canfranc. La gare servait également de plaque tournante pour le trafic d’armes, d’opium, d’œuvres d’art, de bijoux et de médicaments. Une révélation troublante, remettant en cause la neutralité affichée par l’Espagne durant la guerre.

Un livre pour dévoiler la vérité

Conscient de l’importance de sa découverte, Jonathan Diaz choisit de collaborer avec un journaliste aragonais, Ramon Campo, pour donner de la visibilité à ces révélations. En 2002, ils publient ensemble « Canfranc, l’or des nazis », un ouvrage qui expose en détail l’ampleur du trafic d’or nazi à travers cette gare pyrénéenne. Le livre met en lumière le rôle ambigu de l’Espagne franquiste dans l’économie de guerre nazie.

Une bataille judiciaire pour la vérité

Face à cette divulgation, la compagnie des chemins de fer espagnols (RENFE) réagit avec hostilité. Considérant que les documents appartiennent à l’Espagne, elle dépose plainte pour récupérer ces archives. Cependant, la justice tranche en faveur de Jonathan Diaz : ces documents avaient été abandonnés et ne faisaient plus partie du patrimoine de la RENFE. De plus, Diaz n’avait pas cherché à en tirer profit, mais plutôt à révéler un pan oublié de l’Histoire.

Finalement, aucune condamnation n’est prononcée contre lui, confirmant ainsi la légitimité de sa démarche historique.

Une gare au passé trouble, une mémoire à préserver

Aujourd’hui, la gare de Canfranc reste un témoin silencieux de ces sombres années. Longtemps délaissée, elle fait aujourd’hui l’objet d’un projet de réhabilitation. Mais au-delà de son architecture impressionnante, c’est son rôle dans l’Histoire qui continue de fasciner chercheurs et historiens.

Jonathan Diaz, par sa découverte fortuite, a permis d’ouvrir une page oubliée du passé et de mettre en lumière des vérités longtemps dissimulées. Une histoire digne des plus grands romans d’espionnage, mais bien réelle.

Source : France Bleu.

Laisser un commentaire