Le Soudan, ravagé depuis avril 2023 par une guerre civile entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (RSF), fait face à une menace de famine particulièrement aiguë dans plusieurs zones situées au sud de Khartoum, alerte le Programme alimentaire mondial (PAM). Cette région, notamment l’agglomération de Jebel Awlia, située à quelque 40 km de la capitale, se trouve aujourd’hui confrontée à une crise alimentaire d’une gravité extrême.
De retour de mission, Laurent Bukera, responsable du PAM au Soudan, décrit une terre en miettes : villes réduites en ruines, accès à l’eau potable, aux soins et à l’électricité extrêmement limités, épidémie de choléra en toile de fond. Dans certains secteurs, la vie reprend timidement, mais d’autres quartiers semblent totalement désertés, qualifiés de « villes fantômes » .
Face à cette situation, la distribution alimentaire a dû être réduite à 70 % des rations habituelles, soit environ 2 100 kcal par jour par personne. Les suppléments nutritionnels pour enfants et femmes enceintes sont purement et simplement introuvables .
Une crise alimentée par le conflit et le sous-financement
Les combats, la dislocation des infrastructures et le contrôle de zones entières par les RSF ont fragilisé l’accès à la nourriture. Depuis la reprise de Khartoum par l’armée en mars 2025, le PAM a néanmoins pu atteindre environ un million de personnes dans sept localités, dont Jebel Awlia .
Reste que l’organisation fait face à un déficit budgétaire dramatique de 500 millions de dollars, couvrant la nourriture, l’assistance en liquide et les programmes vitaux .
Sans un renforcement immédiat de l’aide internationale, le PAM prévient qu’il ne pourra plus distribuer les rations nécessaires au maintien en vie de millions de Soudanais : « Sans appui urgent, nous ne pourrons plus fournir la nourriture essentielle que les populations soudanaises exigent et méritent », a averti M. Bukera.
Un appel à une réponse globale et solidaire
Le PAM encourage la communauté internationale à augmenter les financements, à réhabiliter les infrastructures vitales et à envisager une aide humanitaire durable. Plus largement, l’agence souligne la nécessité de reconstruire le Soudan, ravagé par les combats, la famine, les déplacements massifs (plus de 25 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire) et une épidémie de choléra galopante .
Cet avertissement du PAM constitue une nouvelle sonnette d’alarme : le sud de Khartoum bascule chaque jour un peu plus vers une famine meurtrière. Alors que le conflit s’enlise et que le financement de l’aide peinent à suivre, la vie de millions de civils est désormais en jeu.
Sources : theguardian.com, reuters.com, aljazeera.com, wfp.org
