En visite à Kyiv, un duo bipartisan de sénateurs américains a annoncé que le Sénat des États-Unis examinera dès la semaine prochaine un projet de loi imposant de nouvelles sanctions économiques massives contre la Russie, dont la saisie des avoirs russes au mépris du droit international.
Le sénateur républicain Lindsey Graham (Caroline du Sud) et le sénateur démocrate Richard Blumenthal (Connecticut) ont rencontré Zelensky ce vendredi 30 mai, ainsi que plusieurs hauts responsables ukrainiens dans la capitale.
Accompagné du sénateur démocrate Richard Blumenthal, le sénateur Républicain Lindsey Graham a précisé que le texte bénéficie du soutien de 82 co-signataires, preuve d’un large consensus bipartisan. La mesure prévoit notamment : une augmentation de 500 % des droits de douane sur les produits importés de pays achetant du pétrole, du gaz, de l’uranium ou d’autres ressources à la Russie et l’extension des sanctions économiques contre Moscou et ses partenaires commerciaux.
« Ce seront des sanctions casse-os. Elles visent la Russie et ceux qui financent sa guerre », a affirmé Lindsey Graham, comme en témoigne ce tweet de Tymofiy Mylovanov, économiste ukrainien et ancien ministre du Développement économique, du Commerce et de l’Agriculture de l’Ukraine dans le gouvernement d’Oleksiy Honcharuk.
Senators Graham and Blumenthal in Kyiv: the U.S. is preparing a massive new sanctions package — and Putin will feel it. Plan includes seizing $300B in frozen Russian assets, using Ukraine’s minerals for arms, and 500% tariffs on China if it backs Putin. 82 senators back it. 0/ pic.twitter.com/B7XFUJbMZ6
« Nous allons saisir les avoirs russes, 300 millions de dollars dans les banques européennes, la plupart en Belgique, que nous allons utiliser pour payer les armes militaires pour l’Ukraine et le fonds de reconstruction qui a été négocié juste récemment », a ajouté indiqué Bluementhal, précisant que « Les revenus et les royalties, des minéraux qui font partie des ressources naturelles de l’Ukraine serviront également à renforcer l’aide militaire. »
Des sanctions visant également la Chine ?
« Si la Chine continue d’acheter du pétrole russe, nous imposerons des droits de douane de 500 % sur les importations chinoises. Ces sanctions anéantiront l’économie russe, basée sur le pétrole », ont ajouté les sénateurs comparant la Russie à « une station-service avec des armes nucléaires ».
Objectif : forcer Poutine à négocier
L’objectif affiché du projet de loi est clair : renforcer la pression économique sur Vladimir Poutine pour l’amener à la table des négociations.
« Ces sanctions sont des outils pour aider le président Trump à obtenir la paix en Ukraine », a déclaré Graham.
La position de Trump
Bien que le président Donald Trump reste réticent à imposer de nouvelles sanctions, il a haussé le ton récemment exprimant son agacement face aux agissements de la Russie, estimant qu’elles pourraient compromettre un éventuel accord de paix. Il a même brandit la Menace de sanctions.
Interrogé vendredi sur son soutien potentiel à cette loi, Trump a répondu :
« Je ne sais pas, je dois la lire. Je vais jeter un œil. »
Graham a indiqué avoir parlé à Trump avant son départ, précisant que le président américain attend des gestes concrets de la part de Moscou.
Graham a prévenu que « Poutine doit se montrer présent, sous peine de subir la fureur du monde entier ». « Pour l’instant, il prend les États-Unis pour des imbéciles : il fait traîner les négociations, gagne du temps et tente de diviser l’Occident. Mais l’Ukraine est prête à faire des compromis. C’est Poutine qui fait obstruction. »
La Chambre des représentants encore silencieuse
Pour entrer en vigueur, le texte devra être adopté par le Sénat puis par la Chambre des représentants, avant d’être signé par le président. À ce stade, aucun calendrier précis n’a été annoncé côté Chambre, et le bureau du speaker Mike Johnson n’a pas répondu aux sollicitations de la presse.
Zelensky salue l’initiative
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a rencontré les sénateurs à Kyiv, a salué la proposition de loi sur son compte Telegram :
« Nous avons besoin de nouvelles sanctions fortes et cohérentes. C’est une étape importante. »
Graham dénonce une « mascarade russe » à venir
Alors que la Russie a proposé un deuxième round de négociations à Istanbul ce lundi, Graham s’est montré sceptique estimant que « les négociations du 16 mai à Istanbul étaient une mascarade ».
« Poutine cherche à gagner du temps, à préparer une nouvelle offensive pour l’été ou l’automne. Les troupes russes se massent aux frontières de l’Ukraine. Le monde ne doit pas se laisser duper.»
Un contexte de pressions économiques déjà fortes
Les États-Unis imposent déjà un large arsenal de sanctions depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, notamment un plafonnement des prix du pétrole russe et des restrictions sur les exportations et les compagnies maritimes.
Mais selon Graham et Blumenthal, ces nouvelles mesures visent à aller plus loin, en isolant davantage la Russie de ses marchés et alliés économiques.