En pleine rupture avec Donald Trump, Elon Musk, semble prêt à révolutionner le paysage politique américain. Il a lancé sur X (ex-Twitter), l’un de ses célèbres sondages, avec pour question : « Est-il temps de créer un nouveau parti politique en Amérique ? » Le PDG de Tesla et SpaceX, devenu ces derniers mois l’un des visages les plus influents du débat public américain, suggère désormais que le système bipartite est dépassé.
Ce sondage surprise, publié jeudi 5 juin, a déjà recueilli plus de 400 000 réponses, dont 83,4 % en faveur d’un troisième parti qui représenterait, selon Musk, les « 80 % de la population situés au centre » du spectre politique. Un coup de tonnerre qui survient quelques jours après sa démission symbolique du « Department of Government Efficiency » (DOGE) et son attaque en règle contre la dernière loi budgétaire votée par le Congrès.
Une rupture ouverte avec Trump
L’homme d’affaires, longtemps perçu comme un allié implicite de Trump, a vivement critiqué le One Big Beautiful Bill, une loi budgétaire massivement soutenue par les républicains. Sur X, Musk l’a qualifiée de « monstrueuse », « grotesque » et « remplie de dépenses clientélistes », dénonçant avec virulence les élus qui l’ont soutenue : « Vous savez que vous avez mal agi. Vous le savez. »
Ces déclarations marquent un tournant dans la relation entre les deux figures conservatrices. Si Musk s’était jusqu’ici gardé d’attaques frontales contre Trump, cette sortie publique semble sceller une fracture idéologique grandissante.
Le rêve d’un troisième parti relancé ?
Historiquement, les tentatives de créer un troisième grand parti aux États-Unis ont échoué à percer durablement — à l’image du Tea Party, absorbé par les républicains, ou de Bernie Sanders, contraint de se présenter dans le giron démocrate. Mais la popularité et l’influence numérique d’Elon Musk pourraient, selon certains analystes, redonner de l’élan à cette ambition.
Des figures comme l’ancien conseiller de Trump Anthony Scaramucci ont évoqué la possibilité d’un nouveau parti en cas de réélection de Trump, sans y croire réellement : « Cela ne peut pas arriver. Cela n’arrivera pas », déclarait-il en décembre dernier.
Pourtant, à mesure que Musk prend ses distances avec les partis traditionnels, certains se demandent si l’homme le plus riche du monde ne pourrait pas devenir le moteur d’une réforme structurelle de la vie politique américaine, à l’heure où les électeurs modérés peinent à se sentir représentés, même si le fait que Musk ne soit pas né aux Etats-unis, constitue un vrai handicap pour le miliardaire.
L’exemple de la présidentielle 2024
Durant la campagne présidentielle de 2024, plusieurs enquêtes d’opinion — dont celles de CBS News, NBC ou encore Reuters/Ipsos — montraient qu’une majorité d’Américains rejetaient la perspective d’un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump.
Selon un sondage Reuters/Ipsos publié en janvier 2024, 70 % des Américains estimaient que Joe Biden ne devrait pas se représenter, tandis que 56 % pensaient que Donald Trump ne devrait pas briguer un nouveau mandat.
Un sondage NBC News de la même période indiquait que 70 % des personnes interrogées préféraient que Biden ne se représente pas, et 60 % étaient du même avis concernant Trump.
Ces données illustraient un désenchantement croissant de l’électorat américain vis-à-vis des deux principaux candidats, alimentant les discussions sur la nécessité d’une alternative politique… et pourquoi pas d’un nouveau partie ?
Sources : Newsweek, Business Insiders, marketwatch.com.
