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Charles Hernu. Photo : @DR

Charles Hernu : Un passé controversé sous le régime de Vichy

L’histoire de Charles Hernu, ancien député-maire de Villeurbanne, ministre de la Défense sous François Mitterrand et Franc-maçon, est entachée par des révélations sur son implication durant le régime de Vichy. Franc-Maçonnerie Magazine a mis en lumière en 2013, des éléments peu connus de son passé, jetant une lumière crue sur ses activités controversées pendant la Seconde Guerre mondiale.

Franc-Maçonnerie Magazine a révélé que sous le régime de Vichy, Charles Hernu, fils d’un gendarme franc-maçon, qui deviendra lui même un frère; a intégré un Chantiers de la jeunesse française. Cette une institution paramilitaire active de 1940 à 1944, a servit de lieu de formation et d’encadrement de la jeunesse française, afin de l’imprégnée des valeurs de la Révolution nationale prônées par le gouvernement Pétain. Hernu a suivi un stage en avril 1944 à l’École des cadres de Mayet-de-Montagne, située dans l’Allier. Par la suite, il a été nommé délégué départemental à l’information sociale pour le département de l’Isère. De mai à juillet 1944, Charles Hernu a été chargé, en tant que délégué, de réduire l’opposition à la relève et de favoriser la coopération franco-allemande, en mettant en avant la dimension européenne de la lutte contre le bolchevisme menée par l’Allemagne.

À la Libération, Charles Hernu fut arrêté en raison de ses activités en tant que délégué départemental à l’Information sociale. Il est détenu à la prison de Grenoble d’octobre 1944 jusqu’au début de l’année 1945, puis libéré sans être jugé.

Pendant sa détention, Hernu fait l’objet d’une plainte déposée par Léopold Wolberg, un fourreur juif de Grenoble dont deux fils, Henri (14 ans) et René (17 ans), ont été déportés et tués. Le magasin de Wolberg avait été placé sous séquestre selon les lois antisémites, et il accusait Hernu d’avoir vidé son magasin avec une réquisition délivrée par la préfecture de l’Isère le 22 juin 1944.

Le 23 mai 2013, Franc-Maçonnerie Magazine a publié une enquête controversée sur cette histoire et sur le passé de collabo de l’ancien député-maire de Villeurbanne, décédé en 1990. Le magazine consacrait sa une à une longue investigation sur le passé peu connu de cette figure politique, titrant « Hernu-Faucher, des collabos en loge », un titre incluant donc Jean-André Faucher, franc-maçon lui aussi.

Il revenait sur le cas de Wolberg qui se plaignait de la perte de 300 000 francs de marchandises par les autorités allemandes et par Charles Hernu, alors délégué départemental à l’information sociale. Bien que Hernu ait été interrogé à la prison de Grenoble, il n’a pas été incriminé pour vol, comme le soulignait le procès-verbal. Cependant, les doutes sur son implication n’ont jamais été levés. En 1956, Hernu a même fait l’objet d’un interrogatoire par un « jury fraternel » de la loge maçonnique Maurice Berteaux, sans que le mystère soit éclairci.

Interrogé par la police en prison, Hernu nia être entré dans le magasin et l’avoir vidé, mais il a admis avoir demandé et obtenu la réquisition alors que Wolberg était persécuté par les Allemands. À sa sortie de prison, Hernu est brièvement incorporé dans un régiment homologué FFI avant d’être réformé. Son bref passage dans ce régiment lui permettra ultérieurement de se présenter comme un ancien résistant.

Jean-Moïse Braitberg, journaliste pour Franc-Maçonnerie Magazine, avait alors travaillé sur cette affaire durant plus de 20 ans. Selon lui, des preuves tangibles montraient que Charles Hernu, a été « antisémite et collabo » durant la Seconde Guerre mondiale. Braitberg expliquait que Hernu, par la suite, s’entourait fréquemment de Juifs, peut-être pour se racheter une conscience ou par remords.

La rencontre de Braitberg avec un ancien membre du renseignement militaire a renforcé ses soupçons. Cet informateur lui a confié que « lorsqu’on ne veut pas que quelque chose se sache, ça ne se sait jamais », et qu’avec les informations qu’il détenait sur Hernu, ce dernier n’aurait jamais dû devenir ministre de la Défense. Car en plus d’avoir mené une belle carrière politique du côté de Villeurbanne a occupé des fonctions ministériels sous François Mitterrand, qui a lui même servi Vichy. Hernu démissionna en 1985 à la suite de l’affaire du Rainbow Warrior, qui vit le sabotage du navire amiral de l’organisation écologiste Greenpeace, le Rainbow Warrior, par les services secrets français.

Jean-Moïse Braitberg a tenté de confronter Charles Hernu à ses accusations en 1989, mais l’événement est resté largement ignoré par la presse lyonnaise. Braitberg a également discuté de son enquête avec Jean-Jack Queyranne, alors président de la Région Rhône-Alpes, qui a reconnu qu’Hernu avait « des casseroles » mais n’a pas donné suite à l’investigation.

Jean-Moïse Braitberg s’est également battu pour que la place et la station de métro Charpennes-Charles-Hernu soient rebaptisées, estimant que leur nom était « une insulte à Lyon, capitale de la Résistance ».

Le Monde a également publié un article en 1996 dans lequel il affirmait « Charles Hernu était prisonnier d’un secret de jeunesse : son rôle en 1944 au sein de l’administration de Vichy »

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