Dans sa première interview post-électorale accordée à Bari Weiss, Peter Thiel, figure emblématique de la Silicon Valley, proche du Forum économique mondial, et soutien des Républicains, a livré une analyse percutante de l’élection présidentielle américaine de 2024. Selon lui, cette victoire de Donald Trump ne marque pas seulement une alternance politique, mais une véritable révolution culturelle et institutionnelle aux États-Unis.
Andreas Thielest un entrepreneur américain, un investisseur en capital-risque et un activiste politique. Cofondateur de Founders Fund, mais aussi PayPal et Palantir Technologies, deux entreprises membres du Forum, il a été le premier investisseur extérieur de Facebook, une autre multinationale membre du FEM. En juillet 2024, Thiel avait une valeur nette estimée à 11,2 milliards de dollars américains et était classé 212e sur l’indice Bloomberg des milliardaires.
Il est connu pour ses positions conservatrices libertariennes et son soutien au national-conservatisme depuis la fin des années 2010. Il critique le libre-échange et le rôle des grandes entreprises technologiques dans l’économie moderne, tout en appelant à une révision des institutions traditionnelles.
Bien que conservateur, Thiel, qui est ouvertement gay, a soutenu des causes LGBTQ+, notamment des initiatives en faveur du mariage homosexuel et des organisations comme GOProud.
Une élection sans précédent
Dans l’entretien accordée à Bari Weiss, Peter Thiel décrit l’élection de 2024 comme un événement sans précédent. Il affirme que « la machine » politique et médiatique a tout tenté pour empêcher la réélection de Trump : multiplication des accusations criminelles, contestations de votes et dépenses électorales triplées.
Pourtant, malgré ces efforts, « la machine a fini par s’effondrer ». Selon Thiel, les signes d’un bouleversement étaient déjà visibles : des sondages en faveur de Trump, un changement de camp de certains leaders de la Silicon Valley, et une « cascade de préférences » qui a progressivement échappé au contrôle du Parti démocrate.
Une crise profonde du libéralisme
Pour Thiel, cette élection reflète un problème plus profond : l’effondrement du libéralisme moderne. Il critique une gauche qu’il compare aux « Stormtroopers impériaux » de Star Wars, « identiques, programmés, sans pensée individuelle ». À l’inverse, il décrit le camp de Trump comme une « Alliance rebelle », diverse, désordonnée, mais ancrée dans le réel.
La rupture de la Silicon Valley
Un des moments clés, selon Thiel, fut le basculement de la Silicon Valley. Selon lui, de nombreux dirigeants et fondateurs d’entreprises reconnaissaient déjà que « l’expérience woke avait échoué ». Mais il fallait une figure pour ouvrir la voie.
« Ce qu’Elon Musk a fait était incroyablement dangereux, incroyablement courageux. Il a couvert tout le monde« , déclare-t-il. Ce basculement a déclenché une « cascade de préférences », entraînant une réorientation politique et culturelle majeure d’après Thiel.
Les défis à venir
Thiel reste toutefois prudent, affirmant que les véritables défis ne font que commencer. Parmi les problèmes majeurs : les faillites des États « bleus » (démocrates), l’explosion de la crise de la dette étudiante, l’intensification du chaos aux frontières et la montée des menaces étrangères.
Il avertit que le monde marche « en somnambule vers l’Armageddon » et que, bien que Trump soit mieux préparé que Kamala Harris pour affronter ces crises, il n’est pas certain qu’il puisse toutes les surmonter.
La fin d’une ère
Selon Thiel, l’élection de 2024 marque la fin du XXe siècle et de ses vieilles institutions – universités, médias et banques – qu’il juge « impossibles à réparer ». Les quatre prochaines années nécessiteront des réformes profondes, selon lui.
Il prône une véritable surveillance des frontières, un rééquilibrage des échanges commerciaux, ka fin des renflouements financiers pour les États en faillite, des transformations institutionnelles majeures. « Trump n’a pas besoin de faire quoi que ce soit d’héroïque. Il suffit d’arrêter l’hémorragie », estime-t-il.
Un appel au renouveau
Thiel conclut avec une vision pragmatique et un avertissement : « On ne peut pas revenir en arrière ». « On ne peut pas désinventer Internet. L’ancien système est en train de mourir. La seule question est de savoir ce qui le remplacera« , analyse-t-il à la manière d’Antonio Gramsci.